Le professeur Bertrand Dautzenberg, pneumologue et tabacologue reconnu, a partagé sur LinkedIn une étude australienne marquante, soulignant que le vapotage est plus efficace que les substituts :
« La vape est trois fois plus efficace que les substituts nicotiniques chez les précaires pour l’arrêt du tabac. La nicotine délivrée est la même dans les deux cas, mais une forme est plus plaisante que l’autre et donc plus efficace. »
Il rappelle que le taux de tabagisme est deux fois plus élevé chez les personnes précaires en France, alors que peu de centres spécialisés leur proposent le vapotage comme solution.
Il déplore que la Sécurité sociale ait refusé en 2024 d’intégrer la vape dans les actions expérimentales du Mois sans tabac, et appelle à ce qu’en 2025, la science soit respectée et que la vape soit autorisée et financée pour les publics les plus vulnérables.
« Le tabagisme coûte cher à l’assurance maladie. Il serait temps de laisser expérimenter chez les précaires la vape, souvent utilisée en association aux substituts médicamenteux. »
L’étude australienne confirmant l’efficacité de la vape
Publiée dans Annals of Internal Medicine, l’étude menée par le Centre national de recherche sur les drogues et l’alcool (NDARC) à Sydney a suivi 1 045 fumeurs australiens issus de milieux défavorisés. Ces participants, bénéficiaires d’aides sociales, présentent des taux de tabagisme élevés et une forte dépendance à la nicotine.
L’essai clinique randomisé a comparé deux groupes :
- Groupe vapotage : accès à deux dispositifs (réservoir Innokin Endura T18 et pod Alt.) avec respectivement des e-liquides à 18 et 40 mg/mL de nicotine, disponibles en trois saveurs (tabac, menthol et fruits).
- Groupe TRN : gommes ou pastilles à la nicotine (4 mg, goût menthe).
Tous ont reçu un soutien comportemental minimal.
Des résultats sans appel : le vapotage plus efficace
Après six mois :
- 28,4 % des vapoteurs avaient arrêté de fumer.
- Contre seulement 9,6 % dans le groupe substituts.
Le principal critère d’évaluation était l’abstinence continue, l’arrêt du tabac a été vérifié par des tests respiratoires détectant le monoxyde de carbone. En plus de leur efficacité, les produits de vapotage ont été mieux tolérés, avec moins d’effets secondaires.
Une question de santé publique et d’équité
Les auteurs insistent sur le fait que les populations à faible revenu sont les plus touchées par le tabagisme, mais aussi celles qui rencontrent le plus d’obstacles pour accéder à des alternatives comme la vape.
« Il ne s’agit pas seulement de santé, mais d’équité. Chaque Australien mérite d’avoir accès aux outils les plus efficaces pour arrêter de fumer. »
Comparaison avec la Nouvelle-Zélande
L’étude fait écho à des recherches antérieures montrant qu’en Nouvelle-Zélande, où le vapotage est accessible sans ordonnance, le taux de tabagisme chez les plus précaires a chuté trois fois plus vite qu’en Australie.
Un appel à l’action
Les chercheurs appellent à :
- Autoriser la vente libre de produits de vapotage réglementés pour les adultes fumeurs.
- Diffuser des messages clairs sur les risques relatifs du vapotage.
- Prioriser les publics défavorisés dans les programmes de sevrage.
- Cesser de criminaliser les fumeurs en quête d’alternatives.
« Il n’est plus scientifiquement ni moralement défendable de bloquer l’accès à un outil qui peut sauver des vies. »
Sources :