Le vapotage est-il réellement plus sûr pour la santé respiratoire que le tabagisme ? Voilà une question à laquelle de nombreux chercheurs, majoritairement états-uniens, ont déjà répondu par l’affirmative. Afin d’enrichir la recherche et les connaissances à ce sujet, des chercheurs européens du Centre d’excellence sur la Réduction des risques (CoEHAR) se sont eux aussi penchés sur la question.
Méthodologie
Les auteurs de l’étude, publiée le 3 octobre 2025 dans le Harm Reduction Journal, ont analysé les données provenant des enquêtes nationales annuelles écossaises sur la santé (SHeS). Pour les années 2017, 2018 et 2019 précisément.
Après exclusion des enfants âgés de 0 à 15 ans et des participants ayant fournis des réponses incomplètes, les chercheurs sont arrivés à un panel total de 9 000 adultes, âgés de 16 ans ou plus.
Ces derniers ont été répartis en trois groupes :
- Fumeurs exclusifs et actuels (n = 1732)
- Vapoteurs exclusifs et actuels (n = 520)
- Non-fumeurs et non-vapoteurs (n = 6748)
L’objectif étant de comparer la santé respiratoire des différents groupes, le critère d’évaluation principal a porté sur la respiration sifflante, principal marqueur de symptômes pulmonaires liés au tabagisme et notamment de la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO).
Il a ainsi été demandé aux participants s’ils avaient déjà ressenti une respiration sifflante ou un sifflement dans la poitrine. Ceux qui ont répondu « oui » ont ensuite été réinterrogés afin de mesurer la fréquence sur 12 mois.
Résultats
Afin de refléter les risques respiratoires tout au long de la vie, les résultats ont été classés d’après l’âge des participants, selon 7 catégories : les 16-24 ans ; 25-34 ans ; 35-44 ans ; 45-54 ans ; 55-64 ans ; 65-74 ans et 75 ans et plus. D’autres facteurs ont été pris en compte, tels que le sexe, la classe socio-économique, l’état de santé général, l’âge d’initiation à la cigarette (pour les participants concernés) ou encore l’exposition au tabagisme passif.
Au cours des 12 derniers mois, 32,3 % des fumeurs exclusifs ont déclaré avoir déjà senti leur respiration sifflante, contre 17,5 % chez les vapoteurs exclusifs et 11,4 % chez les non-consommateurs.
Les fumeurs exclusifs étaient également plus nombreux à déclarer d’autres maladies et affections (telles que la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) ou l’asthme).
Un lien entre vapotage et santé respiratoire ?
Le tabagisme demeure la première cause de détérioration de la santé respiratoire, notent les chercheurs. D’après les calculs effectués, les fumeurs exclusifs présentent un risque en moyenne 1,8 fois plus élevé de respiration sifflante (donc de problèmes pulmonaires) par rapport aux vapoteurs exclusifs.
La différence entre les personnes n’ayant ni fumé ni vapoté et les utilisateurs exclusifs de cigarettes électroniques n’était, quant à elle, pas “statistiquement significative”, indiquent les chercheurs (de l’ordre de 0,66, soit a minima deux fois moins élevé).
Plus encore, les chercheurs se sont aperçus que, contrairement aux vapoteurs, les fumeurs augmentaient les risques en fonction de leur consommation journalière de cigarettes : jusqu’à 2,27 fois plus élevé chez les fumeurs de plus de 20 cigarettes par jour.
Autre observation notable : chez les vapoteurs anciennement fumeurs depuis plus de 6 ans, les sifflements n’étaient pas plus fréquents que chez les non-fumeurs et non-vapoteurs.
Autrement dit, l’étude confirme que le vapotage n’est pas lié au développement d’une mauvaise santé respiratoire. Et que les symptômes présents chez des fumeurs passés depuis peu au vapotage seraient avant tout liés à leur proche passé tabagique. Non au vapotage.
Sources
[1] Yusuff Adebayo Adebisi, Najim Z. Alshahrani, Lucia Spicuzza, Francesco Pennisi, Giulio Geraci, Giulio Giacono Cantone, Venera Tomaselli and Riccardo Polosa. Differences in respiratory wheezing between current exclusive e-cigarette users, current exclusive cigarette smokers, and never users of either product: findings from a population-based study, Harm Reduction Journal (2025) 22:156. DOI : https://doi.org/10.1186/s12954-025-01315-8
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