Je contacte mes élus
pour les informer
AGIR MAINTENANT ! Alerter vos élus locaux n'a jamais été aussi facile.
Cliquez et rejoignez le mouvement #JSV.
Accueil | Informer sur la vape | Le vrai du faux de la vape | Que disent les institutions médicales | Le vapotage vu par des experts : ce qui fait consensus ou non

Le vapotage vu par des experts : ce qui fait consensus ou non

Dans quelle mesure le vapotage fait-il consensus chez les experts ? C’est à cette question que la Société Francophone de Tabacologie (SFT) a souhaité répondre ce 23 octobre 2025 en interrogeant ses différents membres, afin d’éclairer la pratique clinique et les futures recommandations officielles.


🎯Objectif et Méthodologie🔬

Le rapport a été publié le 23 octobre 2025 dans la revue de santé publique Archives of Public Health. Il a été confié à 7 chercheurs et universitaires indépendants suisses ¹.

L’objectif : établir les points de consensus et de divergence sur le vapotage auprès des 163 adhérents de la SFT.

Pour ce faire, les chercheurs ont utilisé la méthode « Delphi accélérée », en trois étapes :

  1. Une session de groupe par visioconférence, via la technique du groupe nominal (ou TGN). Cette dernière consiste à formuler plusieurs propositions (et à les hiérarchiser) d’après un sujet ou une question donnée. Ici : « Quelle est la place et l’utilité du vapotage dans la prise en charge clinique des fumeurs ? » ;

  2. L’envoi d’un questionnaire électronique aux experts afin de recueillir leurs opinions sur les différentes propositions, d’après l’échelle de notation Likert (1 = désaccord total ; 9 = accord total) ;

  3. Le retour du questionnaire électronique aux experts, avec tous les résultats collectifs accessibles, pour leur permettre d’ajuster ou non leurs positions au regard des réponses de leurs pairs.

Après analyse des réponses définitives, les chercheurs ont estimé qu’un accord consensuel était atteint dès lors que la médiane était supérieure ou égale à 7 sur l’échelle de Likert. Ou que l’écart interquartile (EIQ) était inférieur ou égal à 3 points. À l’inverse, les chercheurs ont établi le seuil de désaccord à une médiane inférieure ou égale à 3.

Au total, 11 des 23 experts du conseil d’administration et du comité exécutif du SFT ont participé à la première étape. 87 membres ont répondu au premier questionnaire (étape 2). 48 au second (étape 3).


📊 Résultats principaux

✅ Les 26 consensus d’experts sur le vapotage

CONCERNANT L’EFFICACITÉ DE LA VAPE

  • La cigarette électronique est efficace pour le sevrage tabagique
  • Son action sur le sevrage tabagique est bien connue
  • La cigarette électronique a sa place et son utilité dans le sevrage tabagique. À condition d’être utilisée dans les bonnes conditions

SUR LA RÉDUCTION DES RISQUES

  • Les recommandations cliniques devraient faire la distinction entre les produits de l’industrie du tabac et ceux des fabricants indépendants
  • Le rapport bénéfice/risque de l’utilisation de la cigarette électronique dans le contexte de l’aide au sevrage tabagique est favorable
  • La cigarette électronique est très susceptible de réduire les risques (morbidité et mortalité) liés au tabagisme, à condition d’arrêter complètement de fumer
  • Il est nécessaire de surveiller les effets indésirables de la cigarette électronique

SUR L’ACCOMPAGNEMENT DES PERSONNES FUMEUSES

  • Les traitements pharmacologiques et la cigarette électronique doivent être présentés aux fumeurs, avec des explications claires de leurs avantages et inconvénients, et ensuite, la personne qui fume doit être soutenue dans son choix
  • La cigarette électronique est une option pour aider les personnes à arrêter de fumer, lorsqu’elles souhaitent vapoter ou refusent les traitements médicamenteux

Son usage fait consensus :

  • Chez la femme enceinte qui a arrêté de fumer grâce à la cigarette électronique
  • Chez la femme qui allaite et qui a arrêté de fumer grâce à la cigarette
  • Chez les patients atteints de troubles psychiatriques
  • Chez les patients présentant des co-toxicomanies
  • Chez les patients hospitalisés
  • Chez les patients coronariens
  • Chez les patients atteints de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO)

Et chez toute personne où il existe un risque de rechute.

Les experts sont également d’accord sur le fait que la cigarette électronique est un outil important dans la prise en charge clinique des fumeurs. Et qu’il convient d’encourager les patients à essayer différentes saveurs.

SUR L’UTILISATION DE LA CIGARETTE ÉLECTRONIQUE

  • L’usage simultané de cigarettes classiques et de cigarettes électroniques (double usage) ne devrait être qu’une phase transitoire, dans le but d’arrêter complètement de fumer
  • La cigarette électronique doit être utilisée pendant une période limitée, dans le but d’arrêter de fumer dans un second temps, une fois l’arrêt du tabac consolidé
  • La cigarette électronique peut être utilisée comme thérapie de remplacement de la nicotine
  • La cigarette électronique peut être utilisée en conjonction avec des produits de substitution nicotinique
  • En cas de symptômes de sevrage lors de l’utilisation d’une cigarette électronique, il est recommandé d’augmenter la concentration de nicotine, et non la puissance électrique

SUR LA FORMATION DES PROFESSIONNELS DE SANTÉ

  • Il est nécessaire d’établir des lignes directrices cliniques sur l’utilisation de la cigarette électronique pour le sevrage tabagique
  • Les spécialistes du sevrage tabagique doivent être formés pour fournir des informations ainsi que des conseils médicaux et techniques sur l’utilisation de la cigarette électronique

⚠️ Les 7 points sans consensus d’experts sur le vapotage

Point n°1 : Selon les données actuelles, l’utilisation de la cigarette électronique sur plusieurs années produit peu d’effets indésirables graves.

👉Les experts considèrent qu’il n’y a pas assez de recul sur cette question pour statuer sur ce point.

Point n°2 : La dépendance à la nicotine est comparable entre les fumeurs et les utilisateurs récents de cigarettes électroniques.

👉Les professionnels de santé ne sont pas d’accord sur le fait que tabagisme et vapotage engendreraient la même dépendance à la nicotine. Plusieurs études démontrent en effet d’une dépendance moindre à la nicotine avec les produits de la vape.

Point n° 3 : La cigarette électronique peut être recommandée pour le sevrage tabagique périopératoire (pré- et postopératoire).

Point n°4 et 5 : La cigarette électronique peut être recommandée pour le sevrage tabagique chez les femmes enceintes et les femmes qui allaitent.

👉Les experts considèrent qu’il vaut mieux, pour une femme enceinte ou allaitante qui risquerait de reprendre la cigarette et qui a réussi à arrêter via la vape de continuer à vapoter. Néanmoins, ils ne recommandent toujours pas de leur conseiller cette alternative – malgré toutes les études rassurantes à ce sujet.

Point n° 6 : La cigarette électronique peut être recommandée pour le sevrage tabagique chez les patients de moins de 18 ans.

👉Contrairement à certains substituts nicotiniques, conseillés et disponibles dès 15 ans, les professionnels de santé ne sont pas d’accord pour recommander le vapotage à des personnes fumeuses mineures.

Point n° 7 : La cigarette électronique ne devrait être vendue qu’en pharmacie.

Ce qu’il faut retenir

L’efficacité comme l’utilité de la vape dans le sevrage tabagique font consensus pour la Société Francophone de Tabacologie.

Les différents experts s’accordent pour dire que la cigarette électronique peut (et doit) être proposée aux personnes fumeuses. Au moins en seconde intention (après les substituts nicotiniques traditionnels). Et jamais déconseillée à un patient déjà vapoteur, particulièrement s’il y a risque de rechute vers la cigarette.

Pour ces experts, aucun doute : vapoter n’est pas fumer. Ils réclament plus de formation, de sensibilisation et de prises de position de la part des institutions sanitaires.


Sources


¹ Emmanuelle Lüthi. Camille Velarde Crézé. Luc Lebon. Isabelle Jacot‑Sadowski. Karin Zürcher. Jacques Cornuz and Olivier Duperrex. Electronic cigarette for smoking cessation: a fast‑track Delphi consensus of French‑speaking experts. Archives of Public Health (2025) 83:260. DOI: https://doi.org/10.1186/s13690-025-01725-x

0 Partages

NOS ARTICLES SIMILAIRES