En 2024, comme tous les quatre ans, l’enquête European School Survey on Alcohol and other Drugs (ESPAD) de l’agence de l’Union européenne sur les drogues (EUDA) a notamment mesuré l’évolution du tabagisme et du vapotage chez les jeunes Français de 16 ans.
En septembre 2025, l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) en a restitué les principaux résultats. Que voici.
En 2024, en France, le tabagisme des jeunes est en forte baisse
Malgré une légère hausse en 2011, le tabagisme des jeunes continue de diminuer en France, depuis 1999.
Lors de l’édition précédente, en 2019, l’enquête ESPAD relevait 12 % de tabagisme quotidien chez les jeunes Français de 16 ans. Cinq ans plus tard, la France est passée à 3,1 % seulement.
Même constat concernant l’expérimentation. Après une légère hausse en 2011, l’expérimentation de la cigarette à 16 ans est repartie à la baisse.
En 2019, près d’un jeune Français sur deux déclarait avoir déjà fumé une cigarette (45 %). En 2024, cela concerne désormais moins de la moitié (20 %).
Des chiffres qui placent la France parmi les meilleurs élèves, aux côtés des pays scandinaves notamment. Et qui confirment un fait essentiel : le vapotage n’est pas une porte d’entrée vers le tabagisme. Bien au contraire.
Le vapotage : une porte de sortie pour les jeunes Français – non une passerelle
En plus des nombreuses études menées à ce sujet, dont celle du Pr. Bertrand Dautzenberg en 2023, les résultats de l’enquête ESPAD 2024 le confirment.
La montée du vapotage chez les jeunes Français n’a pas eu pour effet de les mener vers le tabagisme, mais bien de les en détourner.
Pour preuve, depuis 2019, l’expérimentation de la cigarette électronique à 16 ans stagne autour des 40 % (46 % en 2019 ; 38 % en 2024). L’usage au mois se situe toujours à 16 %, avec environ 5,8 % de vapotage quotidien en 2024.
En France, le vapotage chez les jeunes de 16 ans se maintient donc, tandis que le tabagisme continue de chuter, année après année. Si effet passerelle il y avait, la prévalence tabagique devrait monter, non diminuer.
Comme l’indique le Pr. Bertrand Dautzenberg dans un post Linkedin du 21 septembre 2025, en réponse à la publication de l’enquête ESPAD 2024 :
« Parler toujours en 2025 d’effet « porte d’entrée » alors que la présence de la vape s’accompagne de 5 fois moins d’entrée en tabagisme régulier et 2 fois moins de passage de l’expérimentation à l’usage quotidien relève de la désinformation »
De la même façon, utiliser l’argument de la “protection de la jeunesse” pour appuyer des politiques prohibitionnistes envers la vape est mensonger, sinon manipulatoire. Comme en attestent ces chiffres, on est loin d’une “épidémie” de vapotage chez les jeunes.
Une baisse faite pour durer ?
On peut également légitimement se poser la question de l’influence des cigarettes électroniques jetables “puffs” sur cette baisse drastique du tabagisme. Et les effets de son interdiction à l’avenir.
Si beaucoup y ont vu un dangereux produit, né pour inciter les jeunes à vapoter, puis à fumer, on connaît mieux aujourd’hui le lien entre vapotage et sortie du tabagisme. Or les enquêtes ESPAD ont été réalisées dans un contexte où la puff n’était pas encore bannie du territoire français…
Sources
Principales conclusions du projet d’enquête européenne sur l’alcool et d’autres drogues en milieu scolaire (ESPAD) 2024, European Union Drugs Agency (EUDA), mai 2025. URL : https://www.euda.europa.eu/publications/data-factsheets/espad-2024-key-findings_fr
Les usages de drogues en Europe à 16 ans, Résultats ESPAD 2024, Tendances, OFDT, septembre 2025. PDF : https://www.ofdt.fr/sites/ofdt/files/2025-09/tendances_espad_resultats_europe_2024.pdf
Les consommations de drogues en Europe parmi les élèves de 16 ans, Résultats de l’enquête European School Survey Project on Alcohol and other Drugs 2019 (ESPAD), novembre 2020. PDF : https://www.ofdt.fr/sites/ofdt/files/2023-08/field_media_document-1739-eisxss2ab.pdf