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Stop aux études mensongères sur l’effet passerelle : des experts français réfutent 23 publications

Stop aux études mensongères sur l’effet passerelle des experts français réfutent 23 publications

Méthodologies biaisées, données détournées et conclusions infondées, se voulant volontairement alarmantes… le 18 octobre 2023, le Pr Dautzenberg et cinq autres experts français de la lutte antitabac ont publié une étude systématique détaillée réfutant pas moins de 23 publications sur l’effet passerelle.
Fait marquant : bien que ces 23 études mensongères aient affirmé, sans preuve, que vapoter conduisait les jeunes à fumer, étrangement, leurs conclusions ont principalement été reprises… par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) !

23 études mensongères sur l’effet passerelle mises en lumière : l’étude systématique de 6 experts français

Accusé d’inciter les jeunes à vapoter par un marketing ciblé, de les rendre accros à la nicotine, puis de les pousser à fumer, le vapotage chez les adolescents inquiète, partout dans le monde. Beaucoup y voient la confirmation des dangers annoncés par l’effet passerelle (dit « Gateway » en anglais) : la cigarette électronique ne serait qu’une porte d’entrée de plus vers le tabagisme.

Surfant sur cette polémique, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) n’a pas hésité à déclarer la vape nocive, la décrivant même comme cette «nouvelle menace de santé publique» à abattre dans son rapport 2023.

Pourtant, en 15 ans que la vape existe, aucune hausse du tabagisme n’a été observée. Le nombre de jeunes fumeurs semble d’ailleurs baisser plus rapidement partout où la e-cigarette est plus largement reconnue et utilisée selon l’étude 2023 de l’Institut national de recherche britannique sur la santé et les soins (NIHR). Plus encore, d’après une étude américaine de 2023, les interdictions visant à « protéger les jeunes » semblent ne mener qu’à une seule chose : le retour en force du tabagisme.

Dans une publication datée du 18 octobre 2023 (1), six éminents pneumologues, tabacologues et addictologues français ont donc souhaité apporter leur contribution à cette grande question, qui déchaîne les passions :  les cigarettes électroniques augmentent-elles, stabilisent-elles ou diminuent-elles le taux de fumeurs réguliers ?

Procédant comme la revue Cochrane, célèbre pour ses études systématiques pointues, les chercheurs français ont identifié plus de 2500 études publiées sur la base de données Medline entre 2011 et mars 2023.

Après plusieurs analyses poussées, ils en ont isolé 23, concluant toutes que le vapotage chez les adolescents était une porte d’entrée vers le tabac à fumer. Pourtant, en substance, aucune ne disposait de preuves suffisantes pour s’autoriser une telle montée en généralité.

« Les données des 23 articles expliquent au maximum 5,3 % de l’expérimentation de la cigarette et négligent l’effet inverse » rapportent les six scientifiques.

Comment expliquer, alors, que de telles études faussées soient validées par des éditeurs ? Et, plus encore, qu’elles se retrouvent citées dans le rapport 2023 de l’OMS ?

Des études aux biais de confirmation sévères

Avant même la collecte des données et l’analyse des résultats, il est clair que les études souhaitaient déjà conclure de l’existence de l’effet passerelle…

Pour ce faire, elles ont tout simplement choisi de ne jamais considérer l’ensemble du groupe d’origine, se focalisant uniquement sur les adolescents corroborant leur hypothèse de base.

Autrement dit, elles ont négligé tous les adolescents (et il s’agit là de l’écrasante majorité) qui étaient déjà fumeurs ou doubles utilisateurs au début de l’enquête.

En outre, plutôt que de s’intéresser à la fréquence d’utilisation de ces deux produits, les études se sont contentées d’analyser la consommation de cigarettes au cours des 30 derniers jours, voire d’une seule expérimentation. Prendre une ou plusieurs bouffées de cigarettes sur un mois, est-ce vraiment suffisant pour affirmer qu’un jeune vapoteur est devenu fumeur ?!

Aussi, pour les auteurs, les résultats présentés par les études et venant soi-disant prouver l’effet passerelle ne concernent en fait que 5,3 % des expérimentateurs de cigarette. Et, lorsque l’on réintègre l’ensemble des adolescents formant le groupe original (incluant ainsi ceux qui en avaient été sciemment écartés), ils ne représentent plus que 1,3 %

Qui plus est, en mettant de côté des critères d’analyse primordiaux (âge d’initiation, fréquence, durée, utilisation…), les auteurs de ces 23 publications ne sont aucunement en mesure de prouver le caractère systématique de leurs résultats. « La cohorte peut tout aussi bien témoigner d’une sélection d’un groupe à risque plus élevé que d’un effet causal » pointent les chercheurs français.

Pour reprendre justement les propos des six experts français, relayés le 18 octobre 2023 sur la page X (anciennement twitter) du Pr Dautzenberg, cosignataire de l’étude : « Non la vape n’est pas une porte d’entrée (Gateway) à la cigarette chez l’ado. L’erreur méthodologique des articles qui l’affirment est tellement grosse (un éléphant dans la pièce) que personne ne l’avait vu avant la revue systématique des articles que nous publions. La vape apparait avant tout un distracteur de la cigarette ».

Des conclusions erronées, et contredites par les données officielles et autres résultats d’enquête disponibles sur l’effet passerelle

Au regard des données réunies sur le tabagisme chez les jeunes depuis des années par des pays comme la Nouvelle-Zélande, les États-Unis, le Canada, la France, le Royaume-Uni, le Mexique ou encore la Finlande, il est plus qu’étrange de voir ces 23 études valider la théorie de l’effet passerelle, indiquent les auteurs.

En effet, encore récemment, une étude américaine basée sur trois enquêtes officielles, menées dans les lycées américains depuis plus de 30 ans, a confirmé la chute drastique du tabagisme chez les jeunes. Ce, particulièrement depuis 2013, année de démocratisation de la cigarette électronique.

Au même titre, en France, l’enquête ESCAPAD 2022 menée par l’Observatoire français des drogues et tendances addictives (OFDT) sur les jeunes Français de 17-18 ans a montré un recul flagrant du tabagisme, et ce dernier n’était pas sans lien avec l’apparition et l’utilisation de la cigarette électronique

Du côté des scientifiques indépendants, à l’éthique professionnelle intacte, les preuves contre l’effet passerelle s’accumulent également.

Depuis plus de 5 ans, de nombreux chercheurs étudient en détail les effets de l’expérimentation et de l’usage de la cigarette et de la e-cigarette sur le passage au tabagisme quotidien. Leur conclusion ? Le risque de devenir un fumeur régulier est 3 à 4 fois plus élevé en commençant par le tabac plutôt que la vape !

Stéphane Legleye, l’un des chercheurs de l’étude, l’avait d’ailleurs déjà démontré dans l’une de ses précédentes publications (2) : sur 24 111 adolescents âgés de 17-18 ans, près de la moitié (46,3 %) étaient devenus des fumeurs quotidiens après avoir expérimenté la cigarette, contre 18,7 % pour ceux qui avaient commencé par la cigarette électronique. L’étude concluait ainsi : « expérimenter les cigarettes électroniques en premier (par opposition au tabac) semble être associé à un risque réduit de tabagisme quotidien ».

En définitive, il semble plutôt que, loin d’être une porte d’entrée vers le tabagisme, le vapotage constitue le meilleur des barrages. Il joue parfaitement son rôle de concurrent au tabac, avec pour effet celui de détourner les jeunes de la cigarette.

Études mensongères sur l’effet passerelle : les experts français requièrent plus de professionnalisme et de vérification !

Au regard de ces 23 études aux biais méthodologiques flagrants, les six experts français s’interrogent : « pourquoi des centaines d’auteurs, des dizaines de critiques, les éditeurs et les organismes de financement impliqués dans le processus n’ont pas clairement souligné l’écart entre les résultats basés sur les sous-cohortes et les conclusions généralisantes des auteurs » ?

Pour eux, il est plus qu’urgent « de reconsidérer les écarts entre les résultats et les conclusions publiées par ces études qui généralisent sans cohérence ».

Sans cela, les chercheurs redoutent de plus grandes dérives encore : « une réglementation excessive des cigarettes électroniques chez les jeunes due à une mauvaise interprétation des résultats d’études serait préjudiciable à la fois à la santé publique et à la lutte antitabac ».

D’ailleurs, il semble que ce soit exactement ce que l’OMS ait en tête en ce moment. Comment expliquer, sinon, que l’une de ses déclarations antivape « repose principalement sur les conclusions des sous-cohortes analysées dans notre revue systématique », comme le notent les auteurs ?

Ainsi, si le réel objectif du gouvernement français est de prendre des décisions éclairées, il doit s’assurer qu’il dispose des bonnes informations. Pour cela, il est primordial que la communauté scientifique veille à produire et à publier de la documentation fiable, aux données étayées et éprouvées par d’autres. Mais surtout, que la France ne prenne pas aveuglément au pied de la lettre les recommandations de l’OMS, qui semble surtout servir les intérêts de Michael Bloomberg, fervent partisan de l’antivapotage…

 

Sources :

(1) Dautzenberg, B.; Legleye, S.; Underner, M.; Arvers, P.; Pothegadoo, B.; Bensaidi, A. Systematic Review and Critical Analysis of Longitudinal Studies Assessing Effect of E-Cigarettes on Cigarette Initiation among Adolescent Never-Smokers. Int. J. Environ. Res. Public Health 2023, 20, 6936.
DOI : https://doi.org/10.3390/ijerph20206936
Version PDF à télécharger (langue anglaise)

(2) Legleye, S.; Aubin, H.J.; Falissard, B.; Beck, F.; Spilka, S. Experimenting first with e-cigarettes versus first with cigarettes and transition to daily cigarette use among adolescents: The crucial effect of age at first experiment. Addiction 2021, 116, 1521–1531.
DOI : https://doi.org/10.1111/add.15330

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