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L’effet passerelle n’existe pas selon une étude américaine

L'effet passerelle n'existe pas selon une étude américaine

La théorie de l’effet passerelle selon laquelle vapoter inciterait les jeunes à fumer est en bien mauvaise posture. Après les chercheurs britanniques du NIHR, c’est au tour de deux scientifiques américaines d’invalider l’effet passerelle. Pour ce faire, elles ont analysé en détail la prévalence tabagique chez les jeunes Américains, de 1991 à 2022. Leur constat ? Non seulement la vape ne mène pas vers le tabac, mais son arrivée et sa popularité coïncident même avec la baisse la plus drastique et inédite du tabagisme !

Contexte et méthodologie de l’étude américaine sur l’effet passerelle

Le 30 septembre 2023, l’International Journal of Environmental Research and Public Health a publié une étude américaine portant sur l’effet passerelle, intitulée « Les réductions considérables de la prévalence du tabagisme chez les jeunes du secondaire entre 1991 et 2022 n’ont probablement pas été compromises par les cigarettes électroniques » (1).

À la tête de l’étude, deux chercheuses de l’Université de Rutgers, dans le New Jersey : Cristine D. Delnevo et Andrea C. Villanti. La première est spécialiste des questions sur la nicotine et le tabac et directrice à l’Institut Rutgers, la deuxième professeure associée au Département de santé publique de l’Université. Toutes deux ont été partiellement subventionnées par l’Institut national américain du cancer (NCI), l’Institut national américain de la santé (NIH) et l’Administration américaine des denrées alimentaires et des médicaments (FDA).

Leur objectif : mesurer l’évolution des taux de tabagisme chez les jeunes Américains depuis plus de 30 ans afin de déterminer si la vape a effectivement eu pour effet de ralentir le déclin du tabagisme, voire d’inciter son retour, comme le pensent certains.

Pour ce faire, les auteures se sont appuyées sur les données de l’étude Monitoring the future (MTF), pilotée par l’Université du Michigan, de la National Youth Risk Behavior Survey (NYRBS) et de la National Youth Tobacco Survey (NYTS), trois grandes enquêtes nationales menées chaque année dans les lycées.

NON, pas d’effet passerelle : l’expérimentation de la cigarette comme le tabagisme quotidien en baisse chez les jeunes Américains

La France est passée de 25,1 % de jeunes fumeurs de 17 ans en 2017 à 15,6 % en 2022 selon l’enquête ESCAPAD (2), le Canada de 5,1 % de fumeurs âgés de 15 à 19 ans en 2019 à 4,2 % en 2022 selon Statistique Canada (3) et le Royaume-Uni de 5 % de jeunes fumeurs (11-15 ans) en 2018 à 3 % en 2021 selon le rapport du NHS, l’agence de santé britannique (4).

Partout, les jeunes semblent se désintéresser de plus en plus du tabac, année après année. Et les États-Unis ne font pas exception si l’on en croit les résultats croisés de ces trois grandes enquêtes américaines…

En 1991, 1 lycéen sur 2 avait déjà fumé, en 2022, seul 1 lycéen sur 10 l’expérimente

Au début des années 90, le MTF comme le NYRBS dévoilaient des chiffres exorbitants : en 1991, 63,1 % des élèves de 12e année et 70 % des lycéens avaient déjà expérimenté la cigarette au cours de leur vie. Soit « environ deux élèves du secondaire sur trois », précisent les chercheuses.

De 1999 à 2013, les auteures notent une légère baisse des taux d’expérimentation de la cigarette chez les jeunes. En 2013, ils ne sont plus que 40 % à essayer la cigarette. Mais le véritable déclin survient au cours des années suivantes, soit à partir de l’arrivée de la cigarette électronique sur le marché.

En 9 ans, les taux d’expérimentation de la cigarette chutent de plus de moitié et, en 2022, les lycées affichent des taux inédits, « jamais enregistrés parmi les élèves du secondaire », indiquent les chercheuses. Cette année-là, seuls 16,8 % des 12e années ont indiqué avoir testé la cigarette, contre 10,9 % des lycéens.

effet passerelle
Figure 1.A « avoir déjà fumé la cigarette ».

Source : Étude Delveno CD & Villanti AC. Dramatic Reductions in Cigarette Smoking Prevalence among High School Youth from 1991 to 2022 Unlikely to Have Been Undermined by E-Cigarettes. 2023.

En 1997, 36,5 % des élèves du secondaire étaient fumeurs, en 2022, ils sont moins de 5 % !

Quant aux taux de tabagisme quotidien, ils suivent bel et bien la même tendance.

En 1997, la prévalence tabagique chez les jeunes atteignait son apogée avec 36,5 % d’élèves fumeurs chez les 12e années et 36,4 % chez les lycéens. Les taux de tabagisme actuel ont ensuite diminué de moitié en plus de 15 ans, ne comptabilisant plus que 15 % de jeunes fumeurs environ en 2013.

Mais, comme les taux d’expérimentation de la cigarette, les taux de tabagisme ont bel et bien chuté à partir de 2013. Ils sont même passés sous la barre des 5 % en 2022 : alors, seuls 4 % des 12e années et 2 % des lycéens ont déclaré être fumeurs !

effet passerelle
Figure 1.B « tabagisme actuel ».

Source : Étude Delveno CD & Villanti AC. Dramatic Reductions in Cigarette Smoking Prevalence among High School Youth from 1991 to 2022 Unlikely to Have Been Undermined by E-Cigarettes. 2023. 

 

Au vu des résultats, impossible de parler d’effet passerelle. Pour les deux auteures de l’étude, il est clair que « les inquiétudes concernant une augmentation potentielle de la consommation de cigarettes chez les adolescents suite à l’introduction des cigarettes électroniques sur le marché américain au début des années 2010 ne sont pas étayées par les données ».

OUI, la vape est un outil efficace de lutte contre le tabagisme, y compris chez les jeunes !

Alors que la cigarette désintéresse de plus en plus de jeunes ces dernières années, le vapotage semble suivre la tendance opposée…

En France, toujours d’après l’enquête ESCAPAD (2), 6,2 % des jeunes de 17 ans ont déclaré vapoter quotidiennement en 2022, soit trois fois plus qu’en 2017 (1,9 %). Au Canada, 12,9 % des 15-19 ans étaient vapoteurs en 2021. Un an plus tard, ils sont 13,6 %. Même observation au Royaume-Uni, où la proportion de jeunes utilisateurs (11-15 ans) a également augmenté, passant de 6 % en 2018 à 9 % en 2021 selon le NHS (4).

D’après les données de différents organismes et rapports américains cités par Delnevo et Villanti, cette tendance se confirme aussi aux États-Unis : « L’usage de la cigarette électronique chez les jeunes du secondaire a fortement augmenté en 2018 pour atteindre 20,8 et a atteint un niveau record en 2019 de 27,5 % » rapportent les auteures.

Pourtant, comme l’ont démontré les chercheuses, l’augmentation du vapotage chez les jeunes n’a entraîné aucune répercussion négative sur les taux de tabagisme, qui continuent de chuter. Au contraire, Delnevo et Villanti signalent que « les baisses les plus rapides de la prévalence de la cigarette se sont produites au cours de la dernière décennie, lorsque les cigarettes électroniques sont devenues un produit populaire parmi les jeunes ».

Pour elles, il est donc « important de reconnaître la possibilité que si les cigarettes électroniques n’avaient pas été disponibles, les changements dans la prévalence du tabagisme chez les jeunes auraient pu être différents ».

Ainsi, l’étude américaine vient-elle non seulement remettre l’effet passerelle à sa place – soit celle d’un mythe populaire non fondé – mais elle prouve également à ses adeptes qu’ils ont tort de condamner la vape. Sans cet outil de réduction des risques et du tabagisme, les gouvernements comme celui des États-Unis n’auraient peut-être jamais été en si bonne voie de réaliser leur objectif antitabac…

Preuve de plus, s’il en faut, que les modèles britanniques ou néo-zélandais, qui utilisent intelligemment la vape dans leurs politiques antitabac, sont bien les meilleurs à suivre. Et qu’il n’est pas nécessaire de pénaliser les fumeurs adultes qui bénéficient d’un sevrage tabagique réussi grâce à la vape en interdisant les arômes, sous couvert de protection de la jeunesse. Beaucoup d’autres solutions existent !

 

Sources :

(1) Delnevo CD, Villanti AC. Dramatic Reductions in Cigarette Smoking Prevalence among High School Youth from 1991 to 2022 Unlikely to Have Been Undermined by E-Cigarettes. International Journal of Environmental Research and Public Health. 2023 ; 20(19):6866.
DOI : https://doi.org/10.3390/ijerph20196866

(2) Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), Les drogues à 17 ans, Analyse de l’enquête ESCAPAD 2022, Tendances 155, mars 2023 (Version PDF téléchargeable)

(3) Enquête canadienne sur le tabac et la nicotine (ECTN) 2022, Statistique Canada, 11 septembre 2023 : https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/230911/dq230911a-fra.htm

(4) Enquête britannique du National Health Service (NHS) – Smoking, Drinking and Drug Use among Young People in England, 2021 – 6 septembre 2022 : https://digital.nhs.uk/data-and-information/publications/statistical/smoking-drinking-and-drug-use-among-young-people-in-england/2021/part-1-smoking-prevalence-and-consumption

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