Ils sont de plus en plus nombreux à faire entendre leur voix : la Suède, la Grèce, la Roumanie, l’Italie et désormais le Portugal se positionnent officiellement contre le projet de taxe en Europe présenté par la Commission en juillet 2025.
Ces 5 pays, qui appliquent pourtant tous une taxation des produits du vapotage sur leur territoire, dénoncent une mesure européenne dangereuse et infondée qui, en plus de s’accaparer les recettes fiscales nationales, nie le caractère infiniment moins nocif de ces produits en comparaison des produits du tabac à fumer.
Les états avant “la bureaucratie européenne”
« Les recettes fiscales devraient bénéficier à la Suède et non à la bureaucratie européenne […] La proposition qui circule est totalement inacceptable pour le gouvernement suédois », twittait déjà la ministre des finances suédoise, Elisabeth Svantesson, sur son compte X à l’annonce du projet de taxation de la Commission européenne.
Dans le cadre des débats autour du nouveau budget à long terme de l’Union européenne, la Commission propose en effet de créer une nouvelle catégorie de produits taxés. Comprenant les produits du vapotage. La mesure est censée débloquer de nouvelles sources de revenus pour l’UE, sans pour autant augmenter les contributions des états membres. Autrement dit, elle compte puiser directement à la source, dans le portefeuille des consommateurs.
Or, pour des pays déjà taxeurs, comme la Suède, la Grèce, la Roumanie, l’Italie ou encore le Portugal, cela reviendrait à céder des milliards d’euros de recettes fiscales nationales à l’UE. Renforçant de surcroît sa main mise sur les États membres.
Plus encore, déplorent-ils, cette proposition viendrait mettre à mal tous les efforts entrepris dans la lutte antitabagique mondiale, en brouillant les frontières entre des produits pourtant infiniment différents en matière de risque pour la santé.
Pour une politique réfléchie de réduction des risques
Dans un communiqué de presse du 1er août 2025 [1], le gouvernement portugais alertait ainsi :
« La proposition vise à taxer de manière égale les cigarettes et les formes de tabac moins nocives. Les taxes ayant un effet dissuasif, nous pensons que les formes de tabac moins nocives devraient être moins taxées afin d’encourager les fumeurs à se tourner vers ces produits »
Un point de vue que partage également la Suède, première défenseuse d’une politique de réduction des risques fondée sur le continuum du risque, qui vise à appréhender chaque produit contenant de la nicotine en fonction de sa dangerosité relative. Tout comme les spécialistes des addictions et autres professionnels de terrain, qui défendent depuis longtemps déjà une approche plus pragmatique et bienveillante de la lutte contre le tabagisme [2].
À quand un réveil plus général des consciences ?
Si, à ce stade, le front commun initié par ces 5 pays membres suffit à enlever toute chance à ce projet de loi de voir le jour, on ne peut que tristement relever le silence assourdissant de leurs autres camarades européens.
Alors que les preuves scientifiques sur l’efficacité, la sureté et le potentiel thérapeutique du vapotage s’accumulent, les gouvernements semblent toujours aussi frileux à l’idée d’actualiser leurs politiques de santé publique aux enjeux et réalités d’aujourd’hui. Ils semblent préférer leur vision hygiéniste d’antan, que l’on sait non seulement obsolète, mais aussi contre-productive.
À quand une véritable implication de nos politiques sur le sujet ? À quand une vraie prise de conscience sur les bénéfices de tels outils dans la lutte antitabagique mondiale ?
Sources
[1] Governo considera preocupante proposta de revisão da Diretiva da tributação do tabaco, República Portuguesa, 1er août 2025
[2] Témoignages d’experts et professionnels de santé à l’appui dans le documentaire Tais-toi et fume !, en trois parties, à regarder gratuitement sur YouTube