La France étend les espaces sans fumée au 1er Juillet 2025

Dès le 1er Juillet 2025, les espaces sans fumée vont se multiplier en France. C’est du moins ce qu’a annoncé la ministre de la santé, Catherine Vautrin, ce 30 mai, lors de la Journée Mondiale de la Vape, à la veille de la Journée Mondiale Sans Tabac.

Et, si les addictologues et tabacologues français approuvent entièrement la démarche, ils n’ont pas manqué de rappeler l’importance du vapotage, qui pourrait également être la cible de nouvelles mesures, dès 2026.

Explications et décryptage, témoignages à l’appui.

Ces nouveaux espaces sans fumée qui arrivent cet été 2025 en France

En France, au-delà des lieux d’interdiction déjà prévus par la loi (et qui s’appliquent mêmement à la cigarette et aux produits du vapotage), on recense plus de 7 000 espaces sans fumée. Des mesures locales que le gouvernement souhaite aujourd’hui généraliser à l’ensemble du territoire.

Dans un communiqué de presse du 30 mai 2025 [1], Catherine Vautrin et Yannick Neuder annoncent ainsi l’élargissement prochain des espaces sans fumée aux :

Parcs et jardins publics ;
Plages bordant des eaux de baignade ;
Abribus et zones couvertes d’attentes des voyageurs ;
Abords d’écoles, collèges, lycées et autres lieux destinés à l’accueil, la formation ou l’hébergement de mineurs ;
Lieux couverts et abords de bibliothèques, piscines, stades et installations sportives.

Toute infraction à la règle exposera la personne fumeuse à une amende de 135 euros.

“Là où il y a des enfants, le tabac doit disparaitre” déclarent les deux ministres chargés de la Santé. C’est pourquoi ils visent explicitement les lieux de sociabilité quotidienne des jeunes, expliquent-ils. Afin de contribuer à débanaliser l’usage de la cigarette.

Une mesure très bien accueillie par les addictologues et tabacologues français, qui félicitent tout particulièrement le gouvernement dans son effort de distinguer vapotage et tabagisme.

L’avis des experts français sur cette nouvelle réglementation du 1er juillet

À la suite de cette annonce, les invitations d’addictologues et tabacologues français se sont enchaînées dans les médias. Parmi lesquelles :

L’intervention de Bertrand Lebeau-Leibovici, médecin addictologue et vice-président de l’association SOS Addictions, sur BFMTV [2] ;
Les interventions de Marion Adler, médecin et tabacologue, sur Europe1 [3] et FranceInfo [4] ;
Ou encore l’intervention du professeur Bertrand Dautzenberg, ex-pneumologue et président de Paris Sans Tabac, sur FranceInfo [5].

Tous sans exception ont applaudi cette nouvelle mesure de lutte contre le tabagisme, seule à ce jour à différencier fumée et vapeur :

” En tout cas moi il y a une chose qui me réjouit beaucoup, c’est que la vapoteuse ne soit pas concernée. Cela veut dire que notre ministre de la Santé, Mme Vautrin, connait la littérature médicale et scientifique là-dessus. Elle sait que des millions d’européens ont cessé de fumer du tabac grâce à la vapoteuse. Et que contrairement à ce que l’on a pu redouter, ce n’est pas un moyen pour des jeunes qui vapotent d’entrer dans le tabagisme actif “ – Bertrand Lebeau-Leibovici sur BFMTV, 30 mai 2025

” Ces mesures sont très bien, mais ce qui est important aussi c’est de continuer à aider les fumeurs à arrêter […] Et beaucoup de fumeurs sont aidés par la cigarette électronique qui, comme le montrent des études comme celle de Cochrane, reste l’aide la plus importante pour sortir du tabagisme. S’il faut être citoyen et ne pas vapoter si l’odeur gêne les personnes proches, clairement la vape n’est pas un problème ici. Il faut bien distinguer vapotage et tabagisme – Marion Adler sur FranceInfo, 30 mai 2025

Entre vapotage et tabagisme, liberté et respect, responsabilité personnelle et bienveillance sociétale, ces professionnels de la santé ont tout de même été confrontés aux sempiternelles idées reçues et autres opinions réactionnaires. Lors de son passage au micro d’Europe1, la docteure Marion Adler a ainsi du justement rappeler à Pascal Praud la définition même d’une addiction, comme du tabagisme passif, et l’importance d’accompagner efficacement les fumeurs en arrêt.

Seul regret pour ces professionnels de terrain : que les terrasses de restaurants et de cafés ne soient pas concernées par cette interdiction de fumer.

” C’est absolument aberrant de ne pas inclure les terrasses de cafés et de restaurants dans cette mesure. Surtout avec l’arrivée des beaux jours, ce sont des lieux propices au tabagisme passif et à de potentielles rechutes pour un fumeur en arrêt “ – Marion Adler sur FranceInfo, 30 mai 2025

” La non-interdiction de la cigarette en terrasses n’a rien à avoir avec une question de santé publique : cela montre juste l’efficacité du lobby du tabac. Les cigarettiers savent que le nombre de fumeurs va baisser si les gens ne peuvent plus fumer en terrasse ” – Bertrand Dautzenberg sur FranceInfo, 30 mai 2025

L’alerte des experts sur les potentielles mesures antivape à venir

C’est une victoire pour la vape, certes. Mais pas encore celle qui marque un véritable changement d’état d’esprit de la part du gouvernement. Car si l’extension des espaces sans fumée devrait concerner exclusivement la cigarette combustible, Mme Vautrin et M. Neuder se sont tout de même dits bien décidés à légiférer plus durement sur les produits du vapotage.

Courant 2026, les ministres de la Santé espèrent ainsi mettre en œuvre :

Une réduction du taux de nicotine autorisé, avec pour objectif disent-ils de “briser la dépendance dès la racine” ;
Une limitation stricte des arômes, qu’ils estiment “souvent pensés pour séduire les plus jeunes” et être “des portes d’entrée vers la dépendance”.

Outre le fait qu’aucun effet passerelle de la vape vers le tabagisme n’existe réellement, les professionnels de santé alertent sur la dangerosité de telles mesures :

” La ministre de la Santé souhaite diminuer le taux de nicotine dans les cigarettes électroniques. Et là je dis attention. C’est une mauvaise idée. Le taux de nicotine doit être suffisant pour permettre à une personne fumeuse de sortir du tabagisme. Sinon, ils retourneront vers la cigarette ” – Dre Marion Adler sur FranceInfo, 30 mai 2025

“👏Fantastique décision d’étendre les lieux non-fumeurs: Bravo Mme VAUTRIN,
MAIS baisser <20mg/ml taux de nicotine des e-liquides est un CADEAU AUX CIGARETTIERS pour entraver l’efficacité de la vape le plus efficace outil d’arrêt du tabac selon Cochrane😱
Idem pour les arômes qui sont des outils de concurrence au tabac. Les expériences US d’interdiction des arômes se sont traduites par une baisse des ventes de vape, mais aussi par une explosion des ventes de cigarettes. Merci de lutter POUR la fin du tabac, et NON pour la reprise des ventes de cigarettes “ – Pr Bertrand Dautzenberg sur Linkedin [6], 30 mai 2025

Pour être effectives, rappellent ces experts, les actions de lutte contre le tabagisme doivent s’accompagner de véritables mesures d’accompagnement des fumeurs. Et la vape est l’une d’elle. En tant que tel, elle doit être davantage soutenue et reconnue. Arrêtons de la cibler à tort, appellent-ils de leurs vœux, et utilisons-la, avec sa nicotine et ses arômes, pour aider efficacement les fumeurs !