Mercredi 1er octobre 2025, une publication LinkedIn de Wopke Hoekstra, Commissaire européen au Climat, a une nouvelle fois confirmé la désinformation à l’œuvre lorsqu’il est question de la vape.
Face aux multiples fausses informations, idées reçues et autres amalgames présents dans le message, JSV a souhaité lui répondre de manière complète et détaillée dans l’article qui suit.
Désinformation n°1 : la dangerosité de la nicotine
M. le Commissaire européen, ce mercredi 1er octobre 2025, vous vous êtes permis de véhiculer une dangereuse désinformation dans votre post Linkedin :
« Nous connaissons tous les dangers du tabac, mais la nicotine contenue dans les nouveaux produits comme les vapes et les e-cigarettes est également extrêmement nocive. Elle endommage les vaisseaux sanguins, altère la fonction vasculaire et stimule les tumeurs de croissance »
Nous connaissons effectivement tous les dangers du tabac : ils ne proviennent pas de la nicotine, mais de la combustion, comme l’expliquent depuis longtemps des experts de renom tels que William Lowenstein, Marion Adler ou encore Bertrand Dautzenberg.
Comme le tabac, la nicotine en elle-même n’est aucunement nocive aux doses auxquelles on la retrouve dans les produits du tabac, du vapotage (20 mg/ml max. selon la loi) et autres alternatives. Il s’agit en fait de la même nicotine que celle contenue dans les substituts nicotiniques officiels, prescrits dès 15 ans pour certains.
Exempte de monoxyde de carbone et des millions de substances nocives et cancérigènes libérées par la fumée de cigarette, la vape ne partage pas les méfaits du tabagisme sur la santé cardiovasculaire, contrairement à ce que vous avancez.
Les nombreuses études effectuées sur la question concluent toutes d’une absence de lien significatif, tandis que beaucoup d’autres alertent sur des études aux biais méthodologiques inquiétants, pouvant mener à une interprétation faussée du fait du passé ou du statut tabagique non pris en compte dans l’analyse des résultats.
Enfin, comme l’ont dénoncé de nombreux addictologues, il est profondément mensonger de présenter la nicotine comme cancérigène.
Désinformation n°2 : l’effet passerelle chez les jeunes
M. Wopke Hoekstra, vous continuez votre post en écrivant :
« Il est très addictif, en particulier pour les adolescents et les enfants dont le cerveau est encore en développement, de consommer de la nicotine. Les vapes en particulier, attirent les jeunes enfants et les piègent dans une dépendance à vie. Le marketing est profondément troublant. Certains de ces produits se présentent sous la forme de Bob l’éponge et de Luigi, de bouteilles de Coca-Cola fraise-kiwi, de Gameboys rétro, essayant clairement de plaire aux jeunes comme s’il s’agissait d’une sorte de jouet »
Si l’on doit encore le rappeler : le vapotage est interdit aux personnes mineures, âgées de moins de 18 ans. La vape est conçue pour des personnes adultes et fumeuses, engagées dans une démarche d’arrêt de la cigarette.
Cela étant dit, des jeunes vapotent en effet. D’après l’enquête ESCAPAD 2022 de l’Observatoire Français des Drogues et des Tendances addictives (OFDT), cela concerne environ 15,6 % des jeunes français de 17 ans en usage quotidien. Parmi eux, 90 % sont déjà fumeurs !
La vape n’attire pas les enfants : elle permet à ceux qui fumaient déjà de s’éloigner d’une habitude meurtrière. Comme l’a montré le professeur Bertrand Dautzenberg et ses collègues dans une éminente étude de 2023, l’effet passerelle qui voudrait que vapoter mène à fumer est un mythe.
Pire parfois : une donnée orchestrée par des chercheurs peu scrupuleux.
La vape est un distracteur de la cigarette, une barrière contre le tabagisme. On le remarque d’ailleurs bien en regardant attentivement les données relevées en 2024 par l’agence de l’Union européenne sur les drogues (EUDA). En France, le tabagisme des jeunes baisse, le vapotage se maintient. Parce qu’ils vapent, les jeunes ne fument plus.
Et lorsque la vape n’est plus accessible à la population, le tabagisme repart en flèche, y compris chez les jeunes générations. Les USA et l’Australie en sont déjà un malheureux parfait exemple.
Désinformation n°3 : vapotage et tabagisme sont une seule et même chose
Pire encore, vous assimilez cigarette et cigarette électronique, industrie du tabac et industrie du vapotage :
« Une chose qui continue de me frapper, c’est la façon déguisée dont le lobby du tabac opère. Ils essaient d’exercer une influence à différents niveaux. Ils minimisent les risques de ces nouveaux produits pour les décideurs, exactement de la même manière qu’ils ont minimisé les risques des cigarettes légères dans le passé »
Il s’agit sans nul doute de la plus grande désinformation à l’œuvre aujourd’hui, et il est inquiétant qu’elle provienne d’un Commissaire européen. Non seulement la filière vape est née d’indépendants, anciennement fumeurs, convaincus par le potentiel thérapeutique de la e-cigarette, mais même les professionnels de santé, réticents à l’origine du fait des malversations passées de Big Tobacco, ont rapidement su faire la distinction.
Vous accusez à tort les défenseurs de la vape de minimiser les risques. Personne ne minimise les risques ici. Personne n’affirme que la vape est sans danger. Mais toute la communauté scientifique s’accorde désormais pour dire que le vapotage est à minima 95 % moins risqué que le tabagisme (cf. rapports officiels annuels de l’agence de santé britannique, depuis 2015).
Nous avons aujourd’hui plus de 15 ans de recul sur la vape, et des centaines de milliers d’études scientifiques et cliniques pour nous éclairer. Nous connaissons l’absence de risque à court et moyen termes du vapotage : l’étude publiée en 2023 par le Pr. Jean-François Etter en témoigne bien.
Grâce à la rigueur des scientifiques publiés par la revue britannique Cochrane, nous savons également le vapotage près de 3 fois plus efficace que les substituts nicotiniques traditionnels.
Et, pour boucler la boucle, nous avons le retour de professionnels de terrain et d’anciens fumeurs.
Désinformation n°4 : la taxe est la seule solution
M. Wopke Hoekstra, vous vous félicitez ensuite de la proposition de taxation faite en juillet dernier par la Commission européenne, présentant la taxe comme la seule mesure viable.
Vous semblez donc oublier qu’une coalition de 83 experts internationaux a déjà alerté la Commission européenne sur les risques d’une taxation excessive, et surtout, sur la désinformation à l’œuvre au sein des plus grandes instances de l’UE. Ils concluent, pour les citer, que :
« Les fumeurs devraient avoir accès à des alternatives non combustibles. Les dispositions fiscales et réglementaires qui découragent la transition du tabagisme vers des alternatives moins risquées sont immorales et protègent le commerce de la cigarette »
Ces dernières années, les exemples de mauvaises décisions prises par des gouvernements soucieux de « protéger leur population » a mené à une explosion du marché noir. Et, par extension, à de vrais risques pour la santé de ces populations. Sans alternative, les consommateurs ne repartent pas seulement vers la cigarette. Ils se tournent également vers le marché parallèle et se retrouvent, souvent sans le savoir, avec de dangereux produits en main (contournés à l’acétate de vitamine E aux USA, à l’étomidate en Asie ou encore aux cannabinoïdes de synthèse en France…).
Moderniser la directive, c’est penser réduction des risques et non prohibition. Les interdictions, restrictions et taxations coûtent bien plus cher que ce qu’elles rapportent : la contrebande sévit plus fort encore, demandant plus d’efforts et de moyens humains pour espérer la contrecarrer. Et, pendant ce temps, les maladies, affections et décès liés au tabagisme continuent de peser sur les budgets nationaux. Là où des produits de réduction des risques ont le potentiel de réduire drastiquement ces désastreux bilans.
La Suède en est d’ailleurs la preuve vivante. De 2000 à 2019, le pays a réduit de 44 % et 41 % son taux de décès et de cancer grâce aux snus, aux pouches de nicotine et à la cigarette électronique.
La taxe a même un effet pervers qui contrecarre directement le potentiel de la vape : elle pénalise en priorité les gros fumeurs et les personnes issues de milieux défavorisés. Or, il est également prouvé que la vape est l’un des meilleurs moyens pour réduire le tabagisme dans ces populations.
Si vous aviez vraiment écouté la Science et observé les faits…
M. Wopke Hoekstra, sous vos yeux, la vape sauve déjà des vies. Elle n’a pas attendu les augmentations de taxes sur les cigarettes, les mesures dites « dissuasives » (mais surtout punitives) pour y arriver. Elle a seulement répondu de la meilleure manière aux besoins des fumeurs. Et partout, les dates coïncident : dès l’arrivée de la vape, la chute du tabagisme n’en est que plus rapide, voire historique.
La solution est déjà à votre portée. Elle montre déjà son efficacité dans la lutte anti tabagique. Et pourtant, vous restez aveugle. Vous vous refusez à entendre les addictologues vous parler de réduction des risques là où cette stratégie a déjà maintes fois fait ses preuves dans d’autres luttes contre les addictions (notamment à travers la méthadone). Vous vous refusez à changer de paradigme, à revoir vos stratégies quand les plus respectés des experts mondiaux vous le recommandent.
Aussi, vous ne participez pas à sauver des vies, à protéger la santé et à réduire la dépendance pour la prochaine génération : vous stigmatisez et embrouillez les consommateurs, vous incitez les fumeurs à rester fumeurs, à continuer à dégrader leur santé et vous maintenez l’addiction la plus terrible qui soit : celle qui tue, par combustion.
M. Wopke Hoekstra, en tant que Commissaire européen, vous êtes tenu d’informer correctement les citoyens et citoyennes d’Europe, non de propager la désinformation.