La Lituanie envisage d’interdire la vente des E-liquides aromatisés.
Après le Danemark, la Lituanie envisage l’interdiction de la vente des E-liquides aromatisés. Une décision délétère, qui pourrait inspirer d’autres pays européens, et à terme, bel et bien menacer le plan de lutte contre le tabac de la Commission européenne.
Au Danemark, les liquides aromatisés ne seront plus commercialisés à compter du 31 mars 2022. La Lituanie, à son tour, est en passe de faire passer un projet de loi similaire. Le texte interdisant tous les E-liquides aromatisés, qu’ils contiennent ou non de la nicotine, pourrait entrer en application au 1er juillet 2022 en Lituanie.
Encore et toujours la même raison à ces interdictions.
La cigarette électronique et les E-liquides aromatisés attisent les craintes sur leurs rôles prétendus dans le fameux « effet passerelle ». Effet qui voudrait que la cigarette électronique, rendue attractive par ces liquides aromatisés, soit la porte d’entrée pour la jeunesse à la dépendance à la nicotine et par extension les mènerait au tabagisme.
Cette allégation hostile à la cigarette électronique ne tient pas compte de la littérature scientifique qui de son côté tend à démontrer le contraire. Des études de références démontrent qu’il n’y a aucun lien de causalité entre la vente de liquides aromatisés et l’entrée des jeunes dans le tabac.
Une étude britannique, réalisée auprès de 250 000 jeunes, publiée dans la revue Tobacco Control en avril 2019, a démontré que l’usage en constante hausse de la cigarette électronique n’avait pas entrainé de « renormalisation » du tabac. Le nombre de fumeurs juvéniles réguliers passant même de 19 % à 5 %.
Des conclusions similaires à un avis du Haut Conseil de la santé publique publié en février 2016, qui considérait que « la vape pourrait retarder l’entrée dans le tabagisme ».
Chez les jeunes européens, le taux de consommation tabagique est descendu à 20 % en 2020, contre 25 % en 2014, malgré la banalisation de la cigarette électronique.
Autrement dit, « l’effet passerelle » chez les jeunes, tant redouté par certains organismes antitabac, n’a pas entrainé une hausse, mais plutôt une diminution marquée du tabagisme juvénile, chose qui serait évidemment impossible si le vapotage amenait les jeunes à consommer du tabac.
Les études montrent sans équivoque que la très grande majorité des vapoteurs sont des fumeurs ou ex-fumeurs, avec moins de 1 % de vapoteurs réguliers qui n’ont jamais fumé. Ceci suggère que s’il y a un effet passerelle, il est plutôt inverse, c’est-à-dire de la cigarette vers le vapotage.
Interdire les liquides aromatisés une fausse bonne idée.
Là encore, il est impossible d’établir une relation formelle entre la commercialisation de liquides aromatisés et la hausse de la consommation de tabac chez les jeunes.
Une étude menée par une équipe de chercheurs de la Yale School of Public Health et publiée dans la revue Jama Pediatrics en mai 2021, affirme ainsi que les mesures d’interdiction des liquides aromatisés à San Francisco, où leur vente est prohibée depuis 2018, n’ont pas eu les effets escomptés. Bien au contraire, l’étude concluant notamment que « la probabilité qu’ont les jeunes de fumer des cigarettes conventionnelles dans le district scolaire de San Francisco a doublé par rapport aux districts sans interdiction ».
Selon Abigail Friedman, principale auteure de l’étude et professeure adjointe de politique de santé à l’YSPH, a déclaré à ce propos que « l’interdiction des arômes peut supprimer la principale motivation des jeunes à choisir le vapotage plutôt que le tabagisme, repoussant certains d’entre eux vers les cigarettes conventionnelles ».
Et les adultes dans tout ça ?
Une étude a montré récemment que les fumeurs adultes qui commençaient à vapoter des liquides aromatisés (fruit, sucreries, chocolat, etc.) avaient plus de chance de réussir à cesser de fumer que ceux qui utilisaient les saveurs de tabac.
Bannir les saveurs des liquides de vapotage aurait donc comme conséquence directe d’éliminer le principal attrait qu’offrent les cigarettes électroniques, et donc de diminuer le nombre de fumeurs qui pourraient adopter cette méthode pour se sevrer de leur dépendance à la cigarette. Le vapotage possède donc plusieurs avantages concurrentiels face au tabac fumé et c’est pour cette raison que cette nouvelle technologie est en train de s’imposer comme le substitut à la cigarette de tabac chez les consommateurs de nicotine.
Le Professeur Bertrand Dautzenberg, pneumologue français et figure majeure de la lutte antitabac déclarait dans le Figaro que : « Si les consommateurs ne trouvent plus les produits qu’ils aiment, ils vont soit retourner au tabac (qui tue 50 % de ses fidèles consommateurs), soit bricoler des liquides au risque de s’exposer à des accidents »
Une réalité qui devrait pousser les pouvoirs publics à une prudence accrue dans leur prise de décision contre le tabagisme et vis-à-vis de la cigarette électronique.
Les enquêtes révèlent qu’au moins 4,3 millions d’Américains, 2,4 millions de Britanniques et 7,5 millions d’Européens ont cessé de fumer grâce à la vape, réduisant du même coup drastiquement leur risque de décéder prématurément. Il n’y a donc aucun doute que la cigarette électronique a fortement contribué à la baisse importante du tabagisme adulte à l’échelle mondiale, qui est passé de 23,5 % en 2007 à 19 % à ce jour.
Les projets de loi anti-vapes qui fleurissent en Europe, comme ici en Lituanie devraient inquiéter les décideurs politiques, alors qu’au sein de l’Union européenne, un décès sur six est encore lié au tabac. L’efficacité de ces projets législatifs doit être remise en question, car il est certain que ces législations auront des impacts négatifs chez les fumeurs adultes en éliminant une alternative au tabac. De fait, il est important de prendre en compte qu’une diminution du nombre d’adultes qui cessent de fumer aura un impact négatif sur les jeunes, le tabagisme des parents étant le principal facteur d’initiation du tabagisme chez les enfants et les adolescents.