Il ne s’agit en aucun cas d’une étude isolée. Le 3 septembre 2025, des économistes américains ont confirmé les craintes de bien d’autres chercheurs sur la situation tabagique des jeunes aux USA. Alors que le tabagisme avait drastiquement baissé grâce à la cigarette électronique, l’interdiction des vapes aromatisées dans plusieurs États a relancé la consommation de cigarettes chez les jeunes.
Inversion des rôles
À en croire les médias comme les instances publiques et politiques, depuis les années 2020, aux États-Unis, rien ne semble plus dangereux que les vapes aromatisées. À travers leurs saveurs gourmandes ou fruitées, elles sont accusées de corrompre la jeunesse, les incitant à consommer de la nicotine dès leur plus jeune âge. Puis à passer à la cigarette.
Pourtant, lorsque l’on analyse les données officielles, à l’instar de ce qu’on fait les chercheuses américaines Delnevo et Villanti en 2023, on observe plutôt la tendance inverse. Loin d’aider le tabagisme, la vape lui fait plutôt la meilleure des concurrences en permettant aux jeunes fumeurs de s’éloigner des dangers de la cigarette.
Malgré cet état de fait, de nombreux États ont successivement mis en place un bannissement total des arômes. Sous couvert de protection de la jeunesse. La Food and Drug Administration (FDA), soit l’agence américaine de contrôle et de régulation, enchaîne quant à elle les refus de mise sur le marché des e-liquides et dispositifs de vapotage aromatisés, tolérant seulement certains arômes classics et mentholés.
Loin d’aider les jeunes, la stratégie des USA renforce le tabagisme
Résultat ? Le tabagisme chez les jeunes repart à la hausse.
Comme le constatent les auteurs d’une étude de septembre 2025 [¹], portant sur les effets de l’interdiction des arômes d’e-cigarette sur le tabagisme des jeunes et des adultes :
« Les jeunes adultes diminuent leur consommation de cigarettes électroniques d’environ deux à trois points de pourcentage, tout en augmentant leur consommation de cigarettes »
Une conclusion qui rejoint celles de Friedman et al. en 2023, puis en 2024, qui notait déjà :
« En comparant les données des nouvelles politiques sur les arômes aux données de vente au détail, nous constatons une moyenne de 12 cigarettes supplémentaires achetées pour chaque dosette ENDS de 0,7 ml vendue en moins, en raison des restrictions sur les arômes ENDS » – Étude 2023
« Les restrictions nationales en matière de saveur ENDS sont associées à des réductions statistiquement significatives du vapotage quotidien et à une augmentation du tabagisme quotidien [avec] une réduction de 3,6 points de pourcentage (ppt) du vapotage quotidien et une augmentation de 2,2 ppt du tabagisme quotidien par rapport aux états sans restrictions » – Étude 2024
Et qui n’est pas sans rappeler non plus la fameuse étude de Chad D. Cotti, Charles J. Courtemanche et coll. de 2024 sur l‘effet de l’interdiction des arômes de cigarettes électroniques sur la consommation de tabac [²]
Tous s’accordent à dire que le Flavor Ban a eu, pour seule conséquence, d’encourager le retour (ou le passage) à la cigarette.
Source
[¹] Henry Saffer, Selen Ozdogan, Michael Grossman, Daniel L. Dench & Dhaval M. Dave, Comprehensive E-cigarette Flavor Bans and Tobacco Use among Youth and Adults, Heaklth Economics, Wiley Online Library, 3 septembre 2025. DOI : https://doi.org/10.1002/hec.70030
[²] Chad D. Cotti, Charles J. Courtemanche, Yang Liang, Johanna Catherine Maclean, Erik T. Nesson & Joseph J. Sabia, The Effect of E-Cigarette Flavor Bans on Tobacco Use, NBER, juin 2024. DOI : 10.3386/w32535