Entre chanvre, cannabis, CBD, THC ou encore cannabinoïdes de synthèse, il peut être parfois difficile de s’y retrouver. Certains sont tout à fait légaux à cultiver/fabriquer et à consommer, d’autres non. Et s’avèrent d’ailleurs particulièrement dangereux pour la santé.
Aussi, pour vous éviter l’erreur de tous les mettre dans le même panier, on vous explique en détail leurs différences. Tant en termes biologiques que législatifs et sanitaires.
Qu’est-ce que le chanvre ?
Le chanvre est une plante de la famille des Cannabaceae (ou Cannabacées). Facile à cultiver et nécessitant peu d’eau, elle sert dans de nombreux domaines :
- Textile : fibres pour vêtements, cordages, sacs, isolants, papier…
- Éco-construction : béton, paille de chanvre…
- Alimentation : huile d’assaisonnement, compléments alimentaires, graines riches en protéines, oméga-3, oméga-6…
- Cosmétique : crèmes, savons, huiles de soin…
- Agriculture : paillage…
Et enfin, pour la fabrication de certains produits du vapotage : les fameux e-liquides au CBD par exemple. Rassurez-vous, on y revient plus loin. Mais avant toute chose, il s’agit de bien distinguer chanvre et cannabis.
Quelle est la différence entre chanvre et cannabis ?
La confusion entre chanvre et cannabis est fréquente. Car on parle ici quasiment de la même plante… génétiquement parlant.
Dans les faits, il existe de multiples variétés, plus ou moins légales à cultiver et à consommer [1].
🌿 Lorsque l’on parle de chanvre, on parle généralement exclusivement de la plante Cannabis sativa L. dont la culture et la consommation sont tout à fait légales.
🍁 À l’inverse, le cannabis désigne la version récréative – et illégale – de la plante.
Le mot clé pour les différencier : THC
Le THC, ou tétrahydrocannabinol, est une molécule psychoactive présente naturellement dans la plante de cannabis. C’est lui le responsable des effets psychotropes liés à la consommation de cannabis (impliquant anxiété, paranoïa, troubles de la mémoire, somnolence, confusion ou encore rougissement des yeux).
C’est pourquoi son taux est strictement encadré en France et plus largement en Europe. Afin de pouvoir être cultivé, vendu et consommé, tout produit à base de chanvre doit présenter moins de 0,3 % de THC.
Autrement dit, tous les autres, contenant plus de 0,3% de THC, sont considérés comme des stupéfiants. Et à ce titre, sont interdits.
Une seule exception en Europe : l’Italie, qui a récemment revu ses critères de classification. Depuis 2025, peu importe la concentration ou la présence de THC, tous les produits à base de chanvre sont considérés comme des stupéfiants. Et en ce sens, sont strictement interdits. Une grande première dans l’Union européenne et une mesure qui pose question, notamment en matière de violation des principes de libre échange.
Quel rapport avec les e-liquides et autres produits CBD ?
Le CBD, ou cannabidiol, fait partie de ses nombreux composés actifs présents naturellement dans la plante de chanvre et de cannabis. À la différence du THC, soumis à un certain seuil, sa consommation comme sa vente sont tout à fait légales en Europe – exception faite de l’Italie.
En France, on trouve ainsi différents produits CBD en accès libre. Ils peuvent être sous forme d’huiles, de pastilles, de gouttes, de bonbons ou encore de liquides pour vapoteuses. Seule condition à leur commercialisation : aucun de ces produits n’a le droit de revendiquer des propriétés curatives ou thérapeutiques. À moins d’être classé officiellement dans la catégorie des médicaments.
Sur le marché français, il n’existe en effet qu’un seul médicament à base de CBD reconnu et approuvé par la Haute Autorité de Santé (HAS) : l’Epidyolex. Toutes les autres formes de CBD restent cependant largement utilisées dans un même objectif, indique l’Assurance Maladie :
comme un moyen de lutter contre les insomnies, le stress et l’anxiété, les douleurs chroniques, les spasmes (contractions musculaires involontaires)…
S’agissant de produits ayant un effet apaisant, une certaine prudence reste de mise. Du fait de ses interactions avec le système sérotoninergique, le CBD peut induire une somnolence, notamment en cas de surdosage. C’est pourquoi il est formellement déconseillé de conduire après avoir consommé du CBD.
Quelques mots sur le CBG, le CBN et le CBC
Le CBD est loin d’être le seul cannabinoïde présent à l’état naturel dans la plante de chanvre. Parmi tous ceux qui la composent, on peut aussi citer le cannabigerol (CBG), le cannabinol (CBN) ou encore le cannabichromène (CBC).
Si ces derniers présentent de grandes similarités structurelles avec le CBD, ils se manifestent en de plus infimes quantités et sont souvent plus difficiles à extraire. D’où la prédominance des produits CBD sur le marché.
Quid des cannabinoïdes de synthèse ?
Autres dérivés du chanvre, synthétiques cette fois, mais surtout illégaux et dangereux pour la santé : les cannabinoïdes de synthèse.
Pourtant sans THC, ces produits aujourd’hui connus sous le nom de PTC (pour Pète Ton Crâne), Buddha Blue, CEB, Spice ou K2 induisent une dépendance forte, avec un risque accru de complications cardiaques et d’overdoses. C’est pourquoi la France les a classés comme stupéfiants dans un arrêté du 31 mars 2017, prohibant leur fabrication, leur vente comme leur consommation.
Malheureusement, comme le déplorent les addictologues français, leur présence perdure sur le marché noir.
Notes
[1] En France, les variétés de Cannabis sativa L. autorisées sont répertoriées dans un arrêté du 22 août 1990 portant application de l’article R. 5132-86 du code de la santé publique pour le cannabis