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Étude rétractée associant vape et maladies du foie

Étude rétractée associant vape et maladies du foie

En juin 2023, un an après la parution d’une étude associant vapotage et maladies du foie, la revue Gastroenterology Research, qui l’avait publiée, fait marche arrière. Et décide de la retirer. En cause : des conclusions hâtives, reposant sur une méthodologie douteuse. Explications sur cette nouvelle étude rétractée.

Vape et maladies du foie : contexte de l’étude rétractée

En juin 2022, Raja Chandra Chakinala, médecin à l’hôpital Guthrie Robert Packer en Pennsylvanie, et ses 12 co-auteurs publiaient une étude basée sur l’analyse des données de l’Enquête nationale américaine sur la santé et la nutrition (NHANES) dans la revue médicale Gastroenterology Research.

L’objectif : évaluer le lien entre le vapotage et les éventuels diagnostics de maladies du foie chez les participants.

Après « analyse » (et plutôt manipulation) des résultats, les auteurs concluaient que « les patients atteints d’une maladie du foie [avaient] des chances plus élevées d’utiliser la cigarette électronique ». Et invitaient même le gouvernement américain à « envisager davantage les preuves solides des effets toxiques de la cigarette électronique lors de la prise de décisions concernant [sa] réglementation ».

Malgré une lettre de la communauté scientifique, très préoccupée par « la méthodologie de l’article, le traitement des données sources, y compris l’analyse statistique, et la fiabilité des conclusions », il aura fallu un an à l’éditeur en chef de la revue Gastroenterology Research pour acter sa rétractation (publiée dans un avis daté du 11 juin 2023).

Pourtant, une simple relecture de l’article avant publication aurait suffi à l’invalider d’emblée. L’étude, basée sur une méthodologie hasardeuse, regorge d’incohérences, de données douteuses et d’allégations non fondées.

Vape et maladies du foie : des suppositions à la place des faits

Utilisant les données du NHANES, recueillies de 2015 à 2018 auprès de 178 000 répondants, les auteurs de l’étude se sont contentés de regrouper :

  • Toutes les personnes ayant simplement répondu « oui » à la question « avez-vous déjà utilisé une cigarette électronique» dans une catégorie « vapoteurs » ;
  • Toutes les personnes ayant répondu « oui » à l’une des deux questions « fumez-vous actuellement » et « avez-vous déjà fumé au moins 100 cigarettes au cours de votre vie » dans la catégorie « fumeurs » ;
  • Et toutes les personnes ayant répondu « oui » aux trois précédentes questions dans une catégorie « utilisateurs doubles », soit vapo-fumeurs.

Premier point problématique : les raccourcis effectués par les auteurs. Peut-on vraiment considérer comme vapoteur une personne qui a expérimenté la cigarette électronique une fois dans sa vie ? Les chercheurs semblent penser que oui.

Concernant les personnes atteintes de maladies du foie, les auteurs n’ont pas fait mieux. Sont même comptabilisés comme malades tous ceux ayant déjà pensé avoir une hépatite B ou C ! Et, si diagnostic il y a (car les chercheurs le supposent simplement à partir de la question « Un médecin ou un autre professionnel de la santé vous a-t-il déjà dit que vous aviez une maladie du foie ? »), ils ne demandent pourtant aucune précision sur la date du diagnostic. Comment, alors, en déduire une quelconque relation de cause à effet ?!

Un manque flagrant de neutralité scientifique

Dès l’introduction de l’étude, les auteurs semblent pour le moins partiaux. Selon eux, « les effets toxiques des métabolites de la cigarette électronique ne sont pas largement étudiés, en particulier dans les maladies du foie ».

Jusque dans la conclusion de l’étude, les auteurs jouent donc la carte des raccourcis, comme celle de la confusion, afin de coller à leur postulat initial : l’usage de la cigarette électronique est intrinsèquement lié aux maladies du foie. Cette dernière a des « effets […] sur les patients atteints de maladies du foie » qu’il conviendrait d’évaluer davantage, tout comme « les mécanismes précis [de ses] toxiques sur le foie ».

Pourtant, rien dans l’étude ne permet de faire état d’un tel bilan !

Déjà une 2e étude rétractée en un an

Ce n’est pas la première fois qu’une étude basée sur les données du National Health and Nutrition Examination Survey (NHANES) est rétractée. En décembre 2022, le World Journal of Oncology invalidait déjà une étude menée par Anusha Chidharla, interne à l’Université de l’Illinois, associant vapotage et cancer.

Mêmes reproches ici : l’étude conduite par Raja Chandra Chakinala, médecin à l’hôpital Guthrie Robert Packer en Pennsylvanie, souffre de trop nombreuses failles méthodologiques.

Peut-être faudrait-il inviter les éditeurs à évaluer plus justement la pertinence de la méthode employée avant de publier de telles études, complètement biaisées…

 

Sources :

Article original – rétracté – « Association of Smoking and E-Cigarette in Chronic Liver Disease : An NHANES Study », Raja Chandra Chakinala & Co., 22 juin 2022 (version pdf, en anglais) : https://www.gastrores.org/index.php/Gastrores/article/view/1490/1495

Avis de rétractation – « Retraction Notice to « Association of Smoking and E-Cigarette in Chronic Liver Disease : An NHANES Study » », Editorial Office, 11 juin 2023 (version pdf, en anglais) : https://www.gastrores.org/index.php/Gastrores/article/view/1652/1635

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