L’étude ESTxENDS est venue en apporter une nouvelle fois la preuve, le 14 février 2024 : arrêter de fumer avec la cigarette électronique s’avère particulièrement efficace. Et sans danger pour l’utilisateur.
Pertinente et inédite, l’étude a même fait l’objet d’un article détaillé dans le célèbre journal français d’information médicale à destination des professionnels de santé, Le Quotidien du Médecin, ce 22 novembre dernier.
Retour sur cette vaste étude clinique, la plus grande menée à ce jour.
Une étude Suisse sur l’arrêt du tabac à l’aide d’une cigarette électronique
Comme partout dans le monde, la Suisse ne fait pas exception. Le tabagisme demeure la première cause de mortalité évitable dans le pays. D’après les derniers chiffres officiels, le tabagisme cause 9500 morts chaque année en Suisse (soit 26 personnes par jour), et représente 14 % de tous les décès.
La e-cigarette devenant de plus en plus populaire chez les fumeurs, des chercheurs de l’Université de Berne ont donc souhaité tester son efficacité, sa sécurité, mais aussi sa toxicité dans l’arrêt du tabac.
Méthodologie
Sous la direction du professeur et docteur en médecine Reto Auer, l’étude ESTxENDS (*) a concerné 1 246 volontaires. Leur recrutement à l’étude s’est fait d’après 4 critères essentiels.
Pour être retenus, les participants devaient attester :
- Être majeurs (âgés de 18 ans ou plus) ;
- Résider en Suisse ;
- Fumer 5 cigarettes ou plus par jour, depuis une année ;
- Être motivés à arrêter de fumer.
À partir de cet échantillon, deux groupes ont été formés – par tirage au sort. Tous ont bénéficié de séances d’accompagnement à l’arrêt du tabac. En revanche, seul le premier groupe a reçu un kit de démarrage de la vape, comprenant un dispositif électronique de vapotage et des e-liquides. Le second groupe avait toutefois la possibilité d’utiliser des substituts nicotiniques et aides médicamenteuses au besoin.
Source : étude ESTxENDS, Université de Berne, Suisse
Durant six mois, les chercheurs ont suivi l’évolution de ces fumeurs en sevrage. Par des examens cliniques, effectués dans les cinq centres d’étude, en Suisse alémanique et en Suisse romande. Mais aussi par des entretiens téléphoniques.
(*) pour “Efficacy, Safety and Toxicology of Electronic Nicotine Delivery Systems” en anglais
Étude parue le 14 février 2024 dans la revue médicale The New England Journal of Medicine, à retrouver en détail sur le site dédié : https://www.estxends.ch/
Résultat : la cigarette électronique plus efficace pour arrêter de fumer
Après six mois de suivi, le résultat est sans appel : le groupe des vapoteurs a montré de meilleurs taux de réussite que le groupe des non-vapoteurs. Et de loin. Comme le notent les chercheurs dans leur communiqué de presse du 12 février 2024 (*) :
« L’ajout des vaporettes au soutien conventionnel de sevrage au tabac a augmenté le nombre absolu de personnes abstinentes au tabac de 21 % »
En effet, chez les non-utilisateurs de vapes, peu ont réussi à maintenir une abstinence constante, d’après les tests toxicologiques menés. Sur 624 personnes du groupe témoin, 16,3 % seulement ont réussi à ne pas fumer une seule cigarette en 6 mois. Ce, malgré le fait que deux tiers d’entre eux ont eu recours à des substituts nicotiniques.
Chez les utilisateurs de cigarettes électroniques (622 personnes), au contraire, le pourcentage est presque deux fois supérieur (28,9 %). Et plus encore au terme des 6 mois de suivi.
« Le pourcentage de participants qui se sont abstenus de fumer au cours des 7 jours précédant la visite de 6 mois était de 59,6 % dans le groupe d’intervention [vapoteurs] et de 38,5 % dans le groupe témoin [non-vapoteurs] »
(*) Voir le communiqué de presse du 12 février 2024, ESTxENDS, Université de Berne (version PDF téléchargeable, langue française)
Sans effets indésirables graves
Et si l’efficacité de la cigarette électronique pour arrêter de fumer est incontestable ici, il en est de même pour sa moindre nocivité.
De fait, en six mois, aucun effet indésirable grave n’a été constaté chez les vapoteurs. Au contraire, ces derniers ont eu tendance à présenter moins de symptômes que les participants du groupe témoin (non-vapoteurs), notamment en ce qui concerne la toux ou les expectorations.
« La toux et les expectorations sont des symptômes typiques des personnes qui fument. Une diminution de ces symptômes pourrait indiquer que les personnes qui remplacent complètement leur consommation de cigarettes par le vapotage pourraient à long terme moins souffrir de maladies liées au tabac, même si elles continuent à vapoter », pointe le professeur Martin Brutsche, pneumologue, directeur du centre d’études de St. Gall et co-chercheur de l’étude.
Des données jugées « rassurantes » par le Professeur Auer, responsable de l’étude ESTxENDS, et qui témoignent bien des bénéfices du vapotage sur le sevrage et la santé des fumeurs.
« Compte tenu de l’ampleur de l’étude, ces résultats permettent de rassurer sur la sécurité des vaporettes pour l’aide à l’arrêt du tabac », explique-t-il.
« Utiliser des vaporettes avec nicotine à la place des cigarettes peut être une première étape avant d’arrêter complètement la consommation de nicotine », confirme la Dre. Isabelle Jacot Sadowski, co-auteure de l’étude.
En résumé
Arrêter de fumer avec la cigarette électronique est une solution pertinente qui mérite toute sa place dans le panel d’outils d’aide au sevrage tabagique.
L’Institut Cochrane avait déjà démontré l’efficacité du vapotage dans une méta-analyse de septembre 2023. L’étude suisse ESTxENDS menée par le Professeur Reto Auer vient confirmer cette donnée, tout en rassurant encore sur la moindre dangerosité de la vape en comparaison à la cigarette de tabac fumé.
« C’est une approche en deux temps de la dépendance à la nicotine », notent les auteurs et autrices de l’étude. Une stratégie pragmatique du risque, qui consiste à avancer pas à pas. D’abord, en se sevrant de la cigarette pour éliminer les plus grands dangers : ceux inhérents à la combustion. Ensuite, en se sevrant de la nicotine, pour sortir définitivement de l’addiction.
C’est pourquoi les chercheuses et chercheurs de l’étude ESTxENDS recommandent de proposer la e-cigarette comme alternative dans le cadre de conseils d’aide à l’arrêt du tabac.
Une recommandation qui ne semble pas être tombée dans l’oreille d’une sourde… En témoigne l’article d’Isabelle Hoppenot, docteure en médecine, dans Le Quotidien du Médecin, ce 22 novembre 2024 !