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Fin des arômes dans les e-liquides : le Québec rejoint les rangs

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Dans quelques mois, le Québec viendra allonger la longue liste des pays interdisant les arômes dans les e-liquides. Seule exception à la loi : l’arôme tabac. A priori, pas de quoi dissuader les vapoteurs québécois qui n’hésiteront pas à s’engager sur la voie du marché noir…

Interdire les arômes dans les e-liquides pour protéger les jeunes ?

La raison qui a poussé le gouvernement québécois à modifier sa loi de lutte contre le tabagisme : empêcher les mineurs de vaper. La décision est évidemment contestée dans le pays, notamment par Éric Gagnon, vice-président des affaires juridiques et externes chez Imperial Tobacco Canada : “On ne pense pas que c’est en faisant de la prohibition que le gouvernement va atteindre son objectif ». Un propos partagé par la porte-parole et directrice de l’Association québécoise des vapoteries (AQV), Valérie Gallant, qui suggère que la mesure engendrera une crise de santé publique. « Je vais attendre l’appel de tous les journalistes lors du premier empoisonnement par produit frelaté acheté sur le marché noir », confie-t-elle amèrement.

L’interdiction des arômes et ses conséquences

Comment le Québec a-t-il pu prendre une telle décision ? Le gouvernement ignore-t-il les conséquences de cette interdiction dans les pays où elle est déjà en application ?

Une des premières conséquences du bannissement des arômes concerne ainsi le secteur professionnel : le pays devra, entre autres, faire face à la fermeture de bon nombre de ses boutiques et à la perte de centaines d’emplois. Et, en termes de santé publique, une explosion du marché illégal est plus que prévisible… Sans parler du retour au tabac de certains vapoteurs.

Le secteur de la vape en danger

Daniel Marien, directeur fondateur de l’Association des représentants de l’industrie du vapotage (ARIV), explique que l’industrie des produits de vapotage représente au Québec 2200 emplois et environ 480 boutiques. Quant aux e-liquides aromatisés, ce sont approximativement 78% des ventes des entreprises. Pour lui, l’application de la mesure induit la fermeture de presque la moitié des boutiques en deux mois. Pour preuve, l’exemple de la Nouvelle-Écosse, qui a interdit les saveurs en 2020 : « 44% des boutiques ont fermé en 60 jours ». Difficile de penser qu’il en serait autrement au Québec. Il interroge alors le gouvernement : « Les ministres économiques ont-ils prévu un plan de sauvetage pour préserver les emplois et un programme de compensations pour atténuer l’impact des fermetures en région ? ».

Marché noir : un problème de santé publique

L’enquête ETHRA, réalisée en 2020 dans les pays européens interdisant les arômes, indique que 19,4% des vapoteurs se sont tournés vers le marché noir. Selon Valérie Gallant, il n’y a pas de doute, le ban des saveurs va bel et bien conduire les vapoteurs à acheter au marché noir leurs liquides aromatisés. Daniel Marien ajoute que cette nouvelle réglementation, « vouée à l’échec », permettra surtout au marché noir, déjà bien implanté au Québec, de prendre encore plus d’ampleur : « Le jeune va continuer d’acheter son produit sur le marché illégal ou sur Internet. Voulez-vous bien me dire comment s’attaquer au marché légal va régler le marché illégal ? ». Selon lui, le gouvernement aurait tout à gagner à prendre pour modèle l’Ontario : les e-liquides aromatisés y sont aussi interdits, mais restent accessibles dans des boutiques spécialisées, uniquement pour les vapoteurs majeurs, et selon certaines conditions.

Dans une lettre ouverte, le Conseil canadien de l’industrie des dépanneurs (CCID) entend bien, lui aussi défendre la vape. Son vice-président, Michel Gadbois, met le gouvernement en garde contre le marché illégal et la vente en ligne : « Le Québec essaie de lutter contre le vapotage chez les jeunes, ce qui est la bonne chose à faire, mais ils [les membres du gouvernement] y vont à l’envers… Le gouvernement ne fait que transférer les ventes à tout le réseau parallèle de ventes illégales. Les interdictions de toutes sortes ne fonctionnent jamais, elles alimentent simplement le marché illégal ».

Sans arômes dans les e-liquide : un retour inévitable au tabac

L’enquête 2020 de l’ITC sur le tabagisme et le vapotage au Canada, en Angleterre et aux États-Unis conclut que restreindre l’accès aux e-liquides nicotinés aromatisés conduirait 17,1 % des vapoteurs à reprendre la cigarette et 28,3% des utilisateurs à se tourner vers le marché noir. Éric Gagnon cite en outre l’exemple de la Nouvelle-Écosse qui a vu les recettes fiscales de la vente de tabac augmenter de plus de 13% en 2021. « Normalement, les ventes du tabac déclinent d’année en année. Et donc de voir qu’un gouvernement, après avoir banni les saveurs dans le vapotage, a vu ses revenus liés au tabagisme augmenté, ça laisse sous-entendre qu’il y a des adultes qui ont décidé de retourner à la cigarette. »

 

La vape québécoise peut-elle encore être sauvée ? Voir les associations monter ainsi au créneau fera-t-il réagir le gouvernement ? Affaire à suivre.

Mis à jour le 01.08.2023
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