Naturellement, la nicotine est une substance présente dans certaines plantes, et particulièrement dans la plante de tabac. Sa fonction première est de protéger la plante contre les insectes. Mais alors pourquoi avons-nous adopté la nicotine dans notre quotidien ?
La nicotine est une substance psychoactive qui agit sur le cerveau. Les substances psychoactives modifient l’activité mentale, les sensations, le comportement… La nicotine est aussi un alcaloïde (comme la caféine, la quinine, la morphine…) et se dégrade rapidement dans l’organisme. Elle libère de la dopamine, un neurotransmetteur impliqué dans le déclenchement du circuit de la récompense. Ce sont ces effets qui expliquent l’aspect addictif de la nicotine.
L’histoire de la nicotine
Quand Christophe Colomb pose les pieds en Amérique en 1492, les Amérindiens consommaient déjà les plantes de tabac depuis des millénaires. Bien que, suite à ce voyage, le tabac est connu des européens, il faut attendre le XVI siècle pour que son usage médicinal se développe. En 1560, Jean Nicot, ambassadeur de France à Lisbonne, fait parvenir à Catherine de Médicis de la poudre de tabac, prescrite alors pour soigner les migraines.
C’est en 1753 que le naturaliste Carl Linné, nomme un genre de plantes Nicotiana dont Nicotiana tabacum, en hommage à Jean Nicot.
La nicotine elle même, a été découverte et décrite en 1809 par le pharmacien et chimiste français Louis-Nicolas Vauquelin. Elle fut ensuite isolée en 1828 par Wilhelm Heinrich Posselt et Karl Ludwig Reimann, deux Allemands œuvrant à l’université de Heidelberg.
La nicotine et l’addiction
Dire que la nicotine est responsable de l’addiction au tabac, entre autre, est un peu simpliste et vient d’un rapport publié en 1988 par l’Office of the Surgeon General. Le rapport appelé Nicotine Addiction donne le ton à une rhétorique simpliste appelée « Non Sequitur » (qui ne suit pas les prémisses) : Le tabac crée une forte addiction – La tabac contient de la nicotine, une substance neurotrope – Donc la nicotine est responsable de l’addiction au tabac.
C’est ce raisonnement qui amène, encore aujourd’hui, à penser que l’addiction au tabagisme est dû uniquement à la nicotine.
Ce message écrit sur tous les paquets de cigarettes et parfois sur les emballages des E-liquides masque une réalité bien plus complexe qui ne devrait pas s’appliquer aux produits de la vape.
En effet, force est de constater que lorsqu’on isole une molécule responsable d’une addiction, la prise isolée de celle-ci remplacera la consommation naturelle. (Exemple : un toxicomane préfèrera consommer de la cocaïne plutôt que de mâcher des feuilles de Coca.)
Or, aucune substitution de consommation n’a été relevée avec des patchs, spray ou gomme nicotinée.
Tabac, addiction : ce que disent les études
Dans une étude publiée en 1989, Caroline Cohen, Jacques Le Houezec et Colette Martin sous la direction du Pr Molimard, ont mené des études sur des rats montrant que la nicotine, prise seule, ne montre pas de dépendance spécifique. Des mécanismes plus complexes sont à l’œuvre dans l’addiction au tabac fumé. La conclusion de cette étude montre que la nicotine n’est pas forcément nécessaire au maintient d’un comportement.
Le professeur Robert Molimard, celui que l’on considère comme le père de la tabacologie en France. Et qui en 1983 fonde la Société d’Etude de la Dépendance tabagique et des Phénomènes comportementaux apparentés avec Gilbert Lagrue. Société qui devient par la suite, la Société de tabacologie, en inventant au passage le néologisme « tabacologie ». Donc, selon le Pr Robert Molimard, la dépendance à la nicotine, à elle toute seule, n’explique pas l’addiction au tabac fumé.
La conclusion nous laisse à penser qu’il faut chercher d’autres responsables à cette addiction au tabac fumé. Les goudrons, qui sont au passage les principaux vecteurs des affections cancéreuses, les IMAO (Inhibiteurs de la Mono-Amine Oxydase), qui sont des anti-dépresseurs bien connus, et sont présents dans la fumée de cigarette,…
Et enfin la gestuelle et les rituels liés à cette consommation. Ces aspects comportementaux sont appelés des renforçateurs secondaires, ils sont tous, aussi importants, dans la dépendance tabagique.
La nicotine dans les E-liquides
La molécule de nicotine à elle seule n’est pas responsable de l’addiction au tabagisme et elle n’est pas non plus cancérigène.
La nicotine présente dans les E-liquides sert de substitut de délivrance en nicotine, moins nocive que la cigarette, en effet la cigarette électronique ne produit pas de combustion et donc de fumée résultant de celle-ci.
La nicotine est utilisée dans ce cas pour combattre l’effet de manque lié au sevrage tabagique. Ce rôle a été confirmé par des études démontrant que les E-liquides nicotinés sont plus efficaces dans le cadre d’un sevrage tabagique que les E-liquides sans nicotine.
La cigarette électronique et le sevrage au tabagisme
Le « throat-hit » sensation de picotement dans la gorge lors de l’absorption de nicotine est présent aussi bien lors de la consommation de tabac fumé que lors du vapotage, permettant un sevrage plus aisé pour les addicts du tabac fumé leur rappelant la consommation de leurs cigarettes.
La cigarette électronique, ou quel que soit le nom que vous lui donnez, permet d’imiter les sensations liées à la consommation de cigarettes. Ainsi que la gestuelle et rituel dédiés à cette habitude.
Aujourd’hui on sait que la nicotine, n’est pas responsable à elle seule de la dépendance au tabagisme mais en est un renforçateur primaire. Prise seule, la dépendance est très relative, ce n’est pas une drogue dure.
Il n’en reste pas moins que la nicotine reste une molécule qui induit une certaine dépendance tout comme la caféine ou le chocolat.
La cigarette électronique permet aux fumeurs souhaitant arrêter le tabagisme de conserver cette dépendance sans les dangers inhérent à la combustion. Elle permet également de bien choisir son taux de nicotine et de le baisser progressivement pour se sevrer en douceur. Les preuves que la vape et les substituts à base de nicotine représentent des avancées majeurs dans la lutte contre le tabagisme.
Pourtant, la nicotine est toujours diabolisée , y compris lors de sa consommation dans la vape, alors qu’elle est vendue en pharmacie sous d’autres formes…
Le danger c’est la combustion. Pas la nicotine et certainement pas le fait de vaper.
*source : lavapeducoeur.fr/la-nicotine-est-elle-reellement-une-addiction/