Les médecins montent au créneau pour défendre la réduction des risques : ils disent non à la taxe sur la vape et à tout autre mesure destinée à bâillonner le potentiel d’un tel outil. Au nom de la Science, ils appellent la France à rebrousser chemin.
Plus qu’une mauvaise décision : un très mauvais signal
Tandis que bien des médias s’attardent uniquement sur le montant, les médecins ont bien compris ce qui se jouait ici.
S’ils disent non à une taxe sur la vape au Budget 2026, ce n’est pas seulement parce qu’une telle mesure risque de décourager financièrement les fumeurs, qui verront les produits du vapotage perdre en attractivité au fur et à mesure des augmentations annuelles.
C’est surtout qu’une taxe sur la vape va « à l’encontre de la lutte contre le tabac », comme l’explique Christophe Cutarella, psychiatre, addictologue et tabacologue au 20minutes [1]. C’est nier la gravité même de la dépendance tabagique pour servir un objectif bien loin des enjeux de santé publique : « récupérer de l’argent », déplore ce psychiatre spécialisé.
Comme alerte depuis longtemps la tabacologue Marion Adler, on évacue totalement la personne fumeuse du problème, alors même qu’elle devrait se trouver au centre des préoccupations.
« On augmente le prix alors que la personne, on ne l’aide pas sur le plan psychologique », dénonce également le tabacologue Bernard Antoine au 20minutes.
Pire encore, une taxe sur la vape envoie un très mauvais signal à toute la population, s’inquiètent les médecins. Celui d’un produit soumis aux mêmes règles que la cigarette car tout aussi nocif pour la santé. Ce qui, scientifiquement parlant, est particulièrement faux.
Non à une taxe sur la vape qui nie les données scientifiques, clament les médecins
« La vape est le moyen le plus utilisé et le plus efficace pour arrêter de fumer en France », rappelle l’éminent ex-pneumologue et président de Paris Sans Tabac, Bertrand Dautzenberg, dans un article paru le 17 octobre 2025 au Journal International de Médecine [2]. Pour preuve, il cite notamment les diverses méta-analyses Cochrane, qui confirment chaque année depuis 2012 cette réalité.
« La vape n’est pas une porte d’entrée, mais très probablement un concurrent de la cigarette chez les adolescents », pointe-t-il également au regard des récentes études effectuées sur la question, dont la sienne, qui a réfuté pas moins de 23 publications sur l’effet passerelle.
« Le jour où il n’y aura plus de fumeur, je ne défendrais plus la vape, mais 25% des adultes fument et le tabac reste de très loin la première cause de mort évitable, justifiant de défendre un produit qui accélère la fin du tabac »
Car c’est ce qu’est la vape : le meilleur concurrent aux produits du tabac à fumer. Et c’est pourquoi cette mesure de taxation interroge.
« L’industrie du tabac ne doit pas être mécontente que l’on taxe enfin son principal concurrent », indique l’épidémiologiste Antoine Flahault au journal LeParisien [3].
« Les fumeurs devraient avoir accès à des alternatives non combustibles. Les dispositions fiscales et réglementaires qui découragent la transition du tabagisme vers des alternatives moins risquées sont immorales et protègent le commerce de la cigarette », écrivaient déjà une coalition de 83 experts internationaux à la Commission européenne le 1er septembre 2025, dénonçant ses projets antivape à venir.
Une vraie politique de réduction des risques, voilà ce que demandent ces médecins. Que la vape bénéficie d’un cadre législatif qui lui est propre, loin des produits du tabac. Et que l’on reconnaisse enfin « l’avancée thérapeutique majeure qu’elle représente pour les fumeurs », pour citer le professeur William Lowenstein.
Sources
[1] Taxe sur le vapotage au budget 2026 : Pour les consommateurs, c’est « un non-sens », « mesquin », « aberrant »…, 20minutes, 15 octobre 2025
[2] Arrêtez de faire des bêtises en attaquant la vape, un produit efficace pour accompagner la fin du tabac ! Journal International de Médecine (JIM), Bertrand Dautzenberg, 17 octobre 2025
[3] Taxer la cigarette électronique ? “Attention au signal envoyé”, préviennent des médecins, LeParisien, 15 octobre 2025
