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Dr Marion Adler : son plaidoyer pour la vape à l’ATHS 2023

Dr Marion Adler son plaidoyer pour la vape à l’ATHS 2023

Du 24 au 27 octobre 2023, scientifiques, chercheurs et professionnels de santé du monde entier se sont rejoint à Biarritz à l’occasion du 16e congrès international des Addictions Toxicomanies Hépatites et Sida (ATHS). Pour la première fois, la vape a figuré au programme… et a bénéficié d’un brillant plaidoyer : celui du Dr Marion Adler, tabacologue française depuis plus de 25 ans.

ATHS 2023 : le congrès international sur les addictions parle (enfin) vape

Comme tous les deux ans, le congrès international sur les Addictions Toxicomanies Hépatites et Sida (ATHS) a repris ses quartiers au Casino Bellevue de Biarritz. Durant plusieurs jours, ce colloque organisé par la Société Européenne Toxicomanie Hépatites Sida (SETHS), en partenariat avec l’association Bizia, a débattu des avancés et méthodes pour lutter contre les addictions.

Particularité de cette édition 2023 : la vape n’a pas été exclue du programme. Au contraire, elle a même été le sujet d’ouverture du séminaire, le mardi 24 octobre 2023 ! Gratuit, ouvert au public avec traduction simultanée en anglais, français et espagnol, le débat a également été diffusé en direct sur la chaîne YouTube de l’organisation.

« La vape : outil de cessation du tabagisme, simple outil de réduction des risques et dommages ou porte d’entrée vers l’addiction à la nicotine ? », voilà la question qui a réuni de nombreux spécialistes au premier jour du colloque. Parmi eux, Alex Brissot, référent des enquêtes en ligne pour l’Observatoire Français des Drogues et Tendances addictives (OFDT), Anne-Laurence Le Faou, addictologue française, Ivan Motoya, responsable du National Institute of Drug Abuse (NIDA) et Marion Adler, médecin tabacologue et membre du conseil scientifique de la Société Francophone de Tabacologie (SFT).

Pour commencer, le représentant de l’OFDT a rappelé les dernières données recueillies par l’enquête ESCAPAD 2022, qui entendait analyser et mesurer le comportement des jeunes de 17 ans vis-à-vis des drogues et autres addictions, y compris la cigarette électronique.

Avant de passer aux questions et au débat dans l’auditorium, le Dr Adler a présenté son plaidoyer. Sa ligne directrice ? « La vape est une aide efficace et choisie par les fumeurs dans le sevrage tabagique ». S’appuyant sur de multiples études fiables, probantes (et récentes), listant les avantages observés chez les patients en sevrage, y compris les femmes enceintes, et réfutant une à une les idées reçues, la tabacologue française a brillamment exposé les faits et dépassionné le débat.

Comme JeSuisVapoteur chaque jour, elle alerte : « nous sommes en train d’être très contreproductifs en donnant des injonctions paradoxales par rapport à la vape ».

Pour le Dr Marion Adler, il est essentiel de remettre le patient au cœur des préoccupations

On la juge souvent « pro-vape », elle rétorque « je suis pour mes patients ».

Après plus de 25 années d’expérience en tabacologie, le Dr Marion Adler continue de l’affirmer : « la bonne solution pour arrêter est la sienne ». Si cette spécialiste en addictologie rappelle qu’il faut « évidemment proposer les substituts nicotiniques en première intention, si ça ne marche pas, il faut absolument s’aider de tout ce qu’il faut pour arrêter au plus vite le tabagisme ». L’ennemi ici, c’est bel et bien le tabac (et plus précisément la combustion), non la vape, qui fonctionne par vaporisation, et encore moins la nicotine, essentielle au sevrage !

Considérée depuis des années comme au moins 95 % moins nocive que le tabac, la vape est, pour la tabacologue française, une aide incontournable trop souvent négligée et dénigrée. D’ailleurs, elle-même n’y était pas favorable il y a quelques années… jusqu’à ce qu’elle découvre la réduction des risques permise par cet outil et constate son efficacité auprès de ses patients. Des éléments qui continuent d’être confirmés aujourd’hui par de célèbres études, telle la revue Cochrane !

Plus encore, selon plusieurs sondages, dont celui de l’IFOP pour JeSuisVapoteur, la cigarette électronique reste le mode de sevrage préféré des Français. Impossible de le nier : la vape est l’outil d’aide à l’arrêt du tabac le plus utilisé et apprécié par les fumeurs. En tant que tel et au vu des données scientifiques attestant de sa moindre dangerosité et de son efficacité, les professionnels de santé doivent respecter les choix du patient et l’encourager. « Nous sommes des coachs et notre rôle est qu’ils parviennent à se sevrer avec le moins de souffrance possible », avait déjà déclaré le Dr Adler en mars 2022, lors du colloque TabAquit.

Dans notre souci des jeunes, n’oublions pas la santé des fumeurs adultes

Depuis la polémique du vapotage chez les jeunes, les besoins des fumeurs adultes semblent malheureusement avoir été relégués au second plan. Le dimanche 3 septembre 2023, la Première ministre française annonçait ainsi vouloir interdire les cigarettes électroniques jetables « puffs », les accusant de « donner de mauvaises habitudes aux jeunes » et de les conduire vers le tabagisme. Une annonce très bien accueillie par des associations antivapotage comme le Comité national contre le tabagisme (CNCT), qui en a profité pour relancer le débat sur les arômes, demandant à nouveau le bannissement de toutes les saveurs, hormis le goût tabac.

Pour le Dr Adler, des mesures aussi répressives pourraient s’avérer des plus contreproductives. Preuve en est aux États-Unis, où les États et localités ayant adopté des mesures restrictives sur la vape et les arômes voient désormais leurs ventes de cigarette repartir en flèche« Environ 15 cigarettes supplémentaires sont vendues pour chaque recharge aromatisée vendue en moins en raison des restrictions de saveurs », notent les auteurs de l’étude, parue en septembre 2023.

S’il est clair que la e-cigarette n’est pas destinée aux non-fumeurs et n’est effectivement pas sans risque pour eux, la tabacologue rappelle qu’aucune donnée ne vient étayer cette fameuse théorie de l’effet passerelle qui voudrait qu’un jeune non-fumeur devienne fumeur en commençant par vapoter. D’après des études anglaises, américaines comme françaises et des données provenant du monde entier, la vape ne peut être définie comme une porte d’entrée, un passage vers le tabagisme. Au contraire, toutes démontrent plutôt de sa capacité à contrer le tabac.

Ainsi, aux États-Unis, depuis l’arrivée de la e-cigarette en 2013 et sa démocratisation auprès des jeunes, le tabagisme a connu son déclin le plus rapide. Même constat ailleurs, comme en Nouvelle-Zélande, où un changement drastique de politique envers la vape a permis au pays de s’appuyer sur cet outil et de réduire significativement le tabagisme chez les adolescents.

Dr Marion Adler

Source : Conférence Marion Adler, ATHS, 24 octobre 2023, citation d’une étude du gouvernement néo-zélandais mise à jour en 2023 « Smoking Status of Daily Vapers, New Zealand Health Survey (15-17 years) 2017/18 to 2021/22 »

Les professionnels de santé doivent considérer la vape au regard des faits scientifiques

Entre les mésinformations sur la cigarette électronique et autres désinformations sur le vapotage chez les jeunes et les femmes enceintes, les idées reçues sur la nicotine ou sur le « manque de recul scientifique » toujours partagées en masse par la population, mais aussi les amalgames incessants brouillant les frontières entre cigarette et e-cigarette, le jugement des professionnels de santé sur la vape semble plus qu’obscurci.

Aussi, en France comme ailleurs, des institutions sanitaires d’autorité publique en viennent à déconseiller ouvertement le vapotage, même chez les femmes enceintes et fumeuses. Haute Autorité Sanitaire (HAS), Haut Conseil de la santé publique (HCSP), sans parler de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ou du Conseil national des gynécologues obstétriciens de France (CNGOF), les exemples sont malheureusement nombreux…

Résultat : des professionnels de santé recommandent à leurs patients d’arrêter de vapoter immédiatement, quitte à refumer quelques cigarettes par jour seulement !

Cela, la tabacologue le constate tous les jours lors ces consultations : « je continue de recevoir des femmes enceintes qui disent avoir repris la cigarette alors qu’elles avaient arrêté de fumer avant la grossesse grâce à la vape parce que le gynécologue l’a déconseillé », déplore-t-elle.

Et elle n’est pas la seule. Sur X (anciennement twitter), le Pr Dautzenberg rejoint également ce triste constat. Il publiait, ce 30 juin 2023 : « encore vue hier en consultation une femme enceinte de 8 mois qui refume depuis sa première visite prénatale où on lui a dit qu’il “fallait absolument arrêter la vape car on n’avait pas de recul“. Elle a obéi et repris. Grande tristesse de ce conseil induit par de mauvaises recommandations ». Quant à la communauté médicale, elle est tout aussi alarmée. En mars 2022, 16 médecins et professeurs avaient d’ailleurs contesté l’avis négatif du HCSP sur la vape, jugeant sa position « “antivape“, avec des arguments “antivax“ ».

Pour le Dr Marion Adler et bien d’autres, les professionnels de santé doivent au plus vite en revenir aux faits scientifiques et s’appuyer sur des études sérieuses et éprouvées. À l’heure actuelle, non seulement vapoter est associé « à un taux plus élevé d’abstinence tabagique en fin de grossesse par rapport à l’utilisation des substituts nicotiniques » (Étude USA, Xiaozhong Wen, 2023), rappelle la tabacologue, mais le vapotage n’a également aucun impact sur le poids de naissance des bébés, contrairement à celui des bébés des mères fumeuses. Au regard des données, inciter les femmes enceintes fumeuses à ne pas vapoter est contraire au principe de précaution.

Les politiques doivent s’inspirer des bons modèles si elles veulent espérer gagner un jour le combat contre le tabac

Lutter contre les idées reçues à l’aide de la science, replacer le patient au cœur des préoccupations… lors du colloque ATHS 2023, Marion Adler a invité les professionnels de santé à revoir leurs positions, mais aussi les pays à se poser les bonnes questions.

Figurant parmi les plus mauvais élèves de l’Union européenne en matière de prévalence tabagique (et de mesures anti-tabac…), la France compte encore 31,8 % de fumeurs, dont 24,5 % de fumeurs quotidiens. Dans le pays, 75 000 personnes décèdent chaque année des suites du méfait du tabac, qu’il s’agisse de tabagisme ou de tabagisme passif. Le bilan, du côté de la vape ? On estime à plus de 4 millions le nombre de vapoteurs français, avec zéro mort de la vape en quinze ans dans le monde entier.

Pourtant, comme la majorité de ses voisins, la France semble vouloir s’engager sur un dangereux chemin : celui de la répression. Le modèle à privilégier, d’après le Dr Marion Adler et d’autres de ses éminents collègues en addictologie ? Le Royaume-Uni, qui promeut la vape depuis des années maintenant et compte désormais 13 % de fumeurs seulement, « avec le taux le plus bas de tabagisme chez la femme enceinte », indique la tabacologue. Rien d’étonnant lorsque l’on voit l’accompagnement proposé par les Anglais : des kits de démarrage de vape gratuits et un renforcement des aides auprès des populations les plus à risque, dont les femmes fumeuses et enceintes !

Mais l’Angleterre va plus loin : elle a à cœur de former les professionnels de santé au vapotage et de conduire fréquemment des études sérieuses et fiables sur le vapotage.

Autre modèle qui devrait attirer l’attention des décideurs français ? La Nouvelle-Zélande qui, après avoir sanctionné la vape durant des années, a décidé de réviser sa copie et de l’utiliser à bon escient. Depuis 2019, le gouvernement réinforme et rassure activement la population, les encourageant à vapoter pour se sevrer. En parallèle, le pays renforce ses actions antitabac. Résultat : les néo-zélandais auront bientôt atteint l’objectif du texte « Environnement sans tabac », fixé à 5 % de fumeurs ou moins d’ici à 2025. Actuellement, seuls 8 % de la population fument toujours !

Rejoignant la conclusion du Pr Dautzenberg dans son étude d’octobre 2023, qui est venue réfuter pas moins de 23 publications à charge contre le vapotage, le Dr Adler rappelle : « les fausses informations, les projets d’interdiction d’arômes et de taxation sur les vapes sont malheureusement un risque augmenté de reprise du tabagisme et d’entrave à la santé publique et à la lutte antitabac ».

La France sait quoi faire. Espérons désormais qu’elle s’en donne les moyens…

 

Retrouvez le plaidoyer du Dr Marion Adler sur la vape et l’intégralité du débat lors de l’ATHS 2023

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