Contre-Feu, c’est le nouveau nom de l’Alliance Contre le Tabac (ACT), qui a lancé en ce Mois Sans Tabac 2025 une courte vidéo sur YouTube pour sensibiliser sur les dangers de la cigarette… et en profiter pour glisser tout un tas d’amalgames, d’idées reçues et de désinformations sur la vape. JSV dénonce.
Malgré le nom, une idéologie inchangée
En voyant le nouveau nom choisi par l’Alliance Contre le Tabac, « Contre-Feu », on avait un espoir. Celui que le collectif ait enfin compris où se situait le vrai combat : autour de la combustion.
Malheureusement, c’est une fois encore porter trop de crédit à cette organisation, qui campe sur ses positions. Ignorant les données scientifiques, Contre-Feu se permet toujours de lancer des accusations infondées sur les produits du vapotage, les présentant comme tout aussi nocif que la cigarette et niant leur utilité et leur efficacité dans le sevrage tabagique.
L’amalgame délibéré entre vape et cigarette
Tout au long de la vidéo [1], qui ne dure pourtant qu’une minute, Contre-Feu ne cesse de ramener la cigarette électronique aux dangers de la cigarette fumée.
« Tu sais ce qu’il y a là dedans ? », rétorque ainsi un jeune homme à un autre, alors qu’il vape en face de lui. « Les batteries au lithium, les métaux lourds. Fais gaffe, ça va directement dans tes poumons », lui dit-il.
Dans cette séquence, Contre-Feu va jusqu’à se moquer des utilisateurs de vape, les présentant comme de simples fumeurs « pseudo-écolo ».
La vidéo de Contre-Feu VS la réalité
Chaque année, des milliers de personnes fumeuses se mettent à la vape pour arrêter de fumer. Et ça marche [2]. Tourner en ridicule des anciens fumeurs qui se sont battus pour sortir des dangers de la combustion (et se battent encore tous les jours pour en rester éloignés), c’est nier tous les bénéfices qu’il y a à arrêter de fumer. Voilà qui est très malvenu de la part d’une organisation qui se dit au service de la lutte antitabagique…
Quant à se permettre d’accuser les batteries au lithium de sévices pulmonaires… Ou encore de revenir sur le faux débat des métaux lourds dans la vape… On n’a plus les mots. La désinformation atteint son paroxysme.
Des batteries au lithium, il y en a partout autour de nous. Ordinateurs portables, smartphones, appareils photo, consoles de jeux vidéo, vélos et trottinettes, jeux pour enfants… Comme dans le cas d’une e-cigarette, c’est ce qui permet de faire fonctionner l’appareil et de le recharger en électricité. Le lithium n’est en aucun cas présent dans la vapeur inhalée. C’est comme dire qu’en utilisant le clavier de votre ordinateur portable ou l’écran tactile de votre smartphone, vous auriez du lithium plein les doigts… Ou, allons plus loin encore, que si votre enfant met à la bouche son jeu électronique préféré, il se trouve intoxiqué au lithium !
En ce qui concerne la problématique des métaux lourds, deux mots : études biaisées. Les seules à avoir montré des taux inquiétants de métaux lourds ? Précisément celles qui ont effectué des expériences dans des conditions irréalistes ou de mésusages. En réalité, les quantités relevées sont infinitésimales. Pas plus alarmantes que celles observées dans l’air qui nous entoure. Mais bien moins toxiques en revanche que les milliers de substances chimiques présentes dans la fumée de cigarette – dont au moins une cinquantaine sont des cancérigènes reconnus [3].
Tordre la réalité pour la faire sienne
C’est ce que tente à tout prix de faire Contre-Feu dans sa vidéo, quitte à assimiler également vape et tabac chauffé afin de pouvoir faire le raccourci entre vapotage et industrie du tabac.
D’un plan sur un député européen, interviewé à la télévision en train de dire ces mots « Être contre le tabac chauffé, c’est être pour la cigarette », on passe sans transition à un second plan, d’une mère qui explique à sa fille la soi-disant corruption à l’œuvre : « Pourquoi tu crois que ton influenceuse elle vapote tout le temps dans ses stories ? »
Non seulement Contre-Feu démontre ici sa propre ignorance du vapotage, qui n’est en aucun cas comparable au tabac à chauffer [4], mais il continue surtout à véhiculer une dangereuse idée reçue. Celle que tout produit alternatif à la nicotine serait né de l’industrie du tabac pour faire perdurer son emprise sur les fumeurs.
Discréditer la réduction des risques
On touche ici à un phénomène de désinformation de plus en plus visible, jusque dans les hautes instances de l’Europe. Comme la Commission européenne, Contre-Feu se permet de renvoyer la réduction des risques à une stratégie fallacieuse de l’industrie du tabac.
Est-ce à dire que les centaines de milliers de chercheurs et d’experts internationaux qui défendent les produits à risque réduit [5] sont tous payés par l’industrie du tabac ? Que des pays comme la Suède ou le Royaume-Uni [6], qui se sont appuyés sur des politiques de santé publique axées sur les produits de réduction des risques mentent sur leurs chiffres ? Toucherait-on du doigt un complot mondial ?
Ou, plus raisonnablement, ne serait-ce pas Contre-Feu qui chercherait à tordre la réalité afin de s’éviter la pénible tâche de reconnaitre son erreur historique : celle d’avoir comparé l’incomparable ?!
Afin de ne pas laisser « l’industrie du tabac et son lobby nous manipuler en toute impunité », comme le dit en conclusion Contre-Feu dans sa vidéo, ne laissons pas d’abord la désinformation nous priver de notre bon sens.
Écoutons en priorité ce que la Science a à nous dire. Non des associations bien pensantes qui dénoncent, mais utilisent les mêmes armes que Big T : les mensonges et les déformations et détournements de faits.
Sources
[1] La vidéo en question, Contre-Feu, 12 novembre 2025, YouTube
[2] D’après l’étude Molinari de 2024, la cigarette électronique a aidé plus d’un million et demi de Français à arrêter de fumer ;
Chaque année, l’éminent institut britannique Cochrane confirme l’efficacité et la sureté de la vape dans l’arrêt du tabac fumé.
[3] Pour faire la distinction une fois pour toutes : vapoter VS fumer, ce que ça change
[4] Les nombreuses différences entre tabac à chauffer et produits du vapotage
[5] Pour les écouter : rendez-vous dans le documentaire Tais-toi et fume !, en 4 parties, disponible gratuitement sur YouTube
[6] En Suède, la réduction des risques a permis d’abaisser le taux de tabagisme à presque 5 %, faisant de lui le premier pays non-fumeurs au monde ;
Au Royaume-Uni, la baisse est également historique depuis l’arrivée de la cigarette électronique. Mais surtout depuis le soutien du gouvernement à travers des programmes spécifiques. Aujourd’hui, le pays compte plus de vapoteurs que de fumeurs.
