L’Europe accélère le pas : ce mercredi 16 juillet 2025, la Commission européenne prévoit de présenter son projet de taxe sur la vape – et tout autre produit du tabac et de la nicotine. D’après plusieurs sources internes, l’Europe compte s’appuyer sur ces nouvelles ressources pour augmenter drastiquement le budget à long terme de l’UE. En puisant directement dans le portefeuille des fumeurs et des vapoteurs.
Un projet loin de faire l’unanimité auprès des pays membres. En particulier la Suède, qui dénonce une mesure inacceptable, contraire aux objectifs de santé publique.
Une taxe… pour financer directement le budget de l’UE
On est loin d’une mesure d’intérêt public.
Selon plusieurs documents fuités consultés par différents médias [1], le prochain budget de l’UE pourrait prévoir une augmentation des droits d’accise sur les produits du tabac fumé et l’instauration d’une taxe sur les alternatives à la nicotine.
« Une nouvelle proposition relative à de nouvelles ressources propres sera également présentée le 16 juillet 2025 […] Par exemple par le biais de taxes sur les déchets électroniques ou le tabac » – Rapport de Bruxelles 6/2025 du 7 juillet 2025 [2]
Plus globalement, cette proposition s’inscrirait également dans le prochain Cadre Financier Pluriannuel (CPF), qui régit le budget à long terme (7 ans) de l’UE.
Autrement dit, elle intégrerait désormais les produits alternatifs à la nicotine dans les « ressources propres », principales sources de recettes qui financent le budget annuel de l’UE. La majorité provenant actuellement des contributions des États membres et des droits de douane.
L’objectif sous-jacent ? Alimenter le budget annuel de l’Europe en utilisant les recettes liées au marché de la nicotine. Ce qui reviendrait à réduire les contributions des États membres au budget de l’UE pour taper directement sur les consommateurs. Mais aussi, dans le même temps, d’augmenter la souveraineté de l’Union européenne.
Le bonus, en prime, d’après une source interne : l’Europe pourrait ainsi contraindre les États membres à augmenter les taxes sans en passer nécessairement par une révision de la Directive des accises du tabac (TED) – plus compliquée à faire voter à l’unanimité.
La Suède monte au créneau pour protéger la santé de ses concitoyens européens
Si la Commission européenne bénéficie déjà de l’appui d’une quinzaine de pays membres, qui réclament une répression stricte des produits du vapotage et de la nicotine, en matière de taxation comme d’interdiction des arômes, la Suède a rapidement pris la parole pour condamner cette mesure, alertant sur les dangereuses dérives qu’elle sous-tend :
« Une hausse des taxes sur le tabac et les produits du tabac à l’échelle de l’UE serait totalement inacceptable […] En Suède, nous défendons le droit pour chaque pays de l’UE de taxer le tabac et la nicotine en fonction de leur nocivité relative. Pour nous, il est évident que les recettes fiscales devraient bénéficier au pays en question, et non à la bureaucratie européenne » – Elisabeth Svantesson, ministre suédoise des Finances
Au-delà de cette seule question, le gouvernement suédois n’a pas manqué de rappeler l’un des devoirs premiers de l’UE : celui de protéger la santé publique. Taxer des produits de réduction des risques sous un prétexte économique n’est pas acceptable, indique la Suède, qui a déjà montré plus d’une fois la pertinence de telles alternatives dans sa propre lutte contre le tabagisme.
Pour l’eurodéputée suédoise Jessica Polfjärd, la Commission européenne tente ici un coup de force pour passer outre la Directive européenne des Produits du Tabac (TPD), et imposer sa loi :
« La directive européenne sur les produits du tabac fournit un cadre pour réglementer le vapotage et d’autres produits… afin que nous puissions à la fois améliorer la santé publique et proposer des alternatives aux produits plus nocifs »
Dans les semaines à venir se tiendra donc l’un des plus importants bras de fer à l’Union européenne. Car si certains États membres se disent favorables à une telle mesure de parité réglementaire, beaucoup d’autres y voient un affaiblissement de la souveraineté fiscale nationale.
Encore une fois, l’intérêt économique d’une rentrée d’argent “facile” semble primer sur la santé et la protection des citoyens européens. Fumeurs comme ex-fumeurs seraient les premiers à pâtir d’une telle décision. Décision qui ne ferait d’ailleurs qu’empirer la situation catastrophique que vivent tous les pays ayant choisi la répression et la prohibition, en matière de contournements et de marché parallèle.
✊Comme la Suède, dites NON à la proposition de la Commission européenne !
📢Interpellez vos députés européens sans plus attendre
Sources
[1] Euractiv, EU mulls tobacco levy to bolster next budget, German document reveals, 8 juillet 2025
Eureporter, Smoke and Sovereignty: The EU’s Tobacco Tax Proposal Tests the Limits of Brussels’ Reach, 10 juillet 2025
[2] Rapport de Bruxelles 6/2025 du 7 juillet 2025 (version PDF téléchargeable, langue allemande)