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Pourquoi augmenter la taxe d’octroi de mer sur le vapotage à La Réunion ?

À partir du 1er mars 2025, la taxe d’octroi de mer sur les produits du vapotage est revue à la hausse à La Réunion. Elle s’aligne sur celle des produits du tabac à fumer, passant alors de 6,5 % à 28 % désormais.

En quoi une telle augmentation est justifiée ? C’est précisément la question que se posent certains addictologues sur place, dont David Mété. Le Chef du service d’Addictologie au CHU Félix Guyon à Saint-Denis de La Réunion dénonce une “faute lourde” de la part de la collectivité, qui ignore l’importance d’un tel outil de réduction des risques et de sevrage tabagique… En plus d’ignorer une autre source majeure d’addiction sur l’île : le rhum péi, toujours épargné par les mesures de taxation.

Qu’est-ce que l’octroi de mer ?

Son origine remonte à la colonisation française des Antilles. L’octroi de mer est une imposition spécifique aux départements d’Outre-mer. Elle concerne la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique, Mayotte et La Réunion.

D’après la définition donnée par l’État, son objectif principal est de “générer des revenus pour les communes et les régions des DOM”. La taxe est ainsi perçue au profit des collectivités locales et s’applique à toute marchandise en provenance de la métropole française ou d’autres pays.

En décembre 2024, la Région Réunion a procédé à certains réajustements des taux d’octroi de mer. À commencer par les produits du vapotage.

Vapotage à La Réunion : l’octroi de mer a plus que triplé

+ 21,5 points d’augmentation. Rien que ça.

S’élevant jusqu’ici à 6,5 %, l’octroi de mer sur les produits du vapotage à La Réunion est passé à 28 % en mars 2025. Soit le même taux que celui appliqué pour les produits du tabac à fumer.

La mesure viendrait répondre à des “objectifs de santé publique” selon La Région. Mais l’avis est loin d’être partagé par la communauté médicale…


Pour David Mété, Chef du service d’Addictologie au CHU Félix Guyon à Saint-Denis de La Réunion, c’est même une “faute lourde”. Le 23 janvier 2025, il écrivait ainsi sur sa page X :

« La Région Réunion classe le vapotage comme le tabac et fait passer sa taxation de 6,5 à 28 % ! Une faute lourde pour une institution qui ignore la santé publique via l’octroi de mer, vieil impôt de l’époque coloniale. La vape est un outil de RDR et de sevrage »


Par “RDR” comprenez “Réduction Des Risques”.

Et là est tout le cœur du propos. Car si le vapotage partage la même taxation que la cigarette à La Réunion, il ne partage pas ses risques. Les études scientifiques continuent en effet d’en attester : vapoter n’est pas fumer.

À l’heure d’aujourd’hui, on considère même que le vapotage est à minima 95 % moins dangereux que le tabagisme. De plus, les études sont nombreuses à le démontrer : dans l’arrêt du tabac, la cigarette électronique est plus efficace encore que les thérapies traditionnelles de substitution nicotinique, entre autres patchs ou gommes à la nicotine.

Mais pour le savoir, encore faudrait-il que La Région s’y intéresse. En invitant par exemple des experts à prendre part aux concertations !

« Lors du récent Colloque Addictions Océan Indien, la Région Réunion n’a pas répondu à nos invitations. Cet événement réunissait pourtant les plus grands spécialistes nationaux et locaux. Je ne fais pas de politique, mais cela soulève de réelles questions sur l’intérêt de la Région pour les problématiques d’addictologie » – David Mété à imazpress.com

Pas touche au rhum péi

En revanche, lorsqu’il est question de taxer le rhum péi, alcool de production locale à La Réunion, impliqué dans la majorité des cas de violences intrafamiliales, la Région rejette tout simplement l’idée.

De quoi agacer encore l’addictologue, qui publiait sur X, le 24 janvier 2025 :

« La Région Réunion relève la fiscalité des boissons alcoolisées importées… mais pas touche au rhum péï ! Tant qu’à faire autant boire local !! 60-80 % des violences intra familiales surviennent sur fond d’alcool, en particulier ces spiritueux locaux bon marché »

Des prises de position qui n’ont semble-t-il pas du tout plu à la Région, qui accuse désormais David Mété d’adopter une posture “clairement politicienne, en contradiction avec l’éthique qui s’attache à sa profession”.

Pour La Région, pas question de prendre en considération les alertes du Chef d’Addictologie au CHU Félix Guyon. Il ne s’agirait là que de “promotion du vapotage et de la cigarette électronique”.

“Une position peu conforme aux enjeux de santé publique”, ajoute même la Région. Un comble !

Note aux importateurs

Suite au nouveau tarif d’octroi de mer, les services d’expédition ont envoyé des courriers aux importateurs afin de les informer des changements et de la marche à suivre.

Des procédures assez complexes, qui demandent de distinguer plusieurs catégories de produits du vapotage :

  1. Les cigarettes électroniques et dispositifs de vaporisation électriques personnels similaires (NDP 85434000) – taxés à 25,5 %
  2. Les parties de ces appareils vendues séparément (NDP 85439000) – taxées à 4 %
  3. Les produits nicotinés (NDP 24041200) – taxés à 48,5 %
  4. Les produits sans nicotine (NDP 24041990) – taxés à 25,5 %

Lors de la déclaration en douane, les importateurs doivent ainsi faire apparaitre sur leurs factures tous les éléments confirmant la catégorie dans laquelle s’inscrit leurs produits. Comme :

  • Le taux de nicotine
  • La présence ou non de e-liquide dans les dispositifs
  • La présence de pièces détachées (pour le matériel)

et toute autre information qu’ils jugent pertinente.

À savoir que l’agence des douanes distingue également, pour les produits liquides avec ou sans nicotine :

  • Ceux destinés à des “fins récréatives” – taxés à 48,5 % si produits nicotinés et 25,5 % si produits non nicotinés
  • Ceux destinés au “sevrage tabagique” – taxés à 2,5 % (nicotinés ou non)

Difficile néanmoins de choisir la seconde pour un produit du vapotage si l’on s’en réfère à l’article L. 5121-2 du Code de la santé publique, cité par les services d’expédition dans leur courrier aux importateurs.

En effet, les produits du vapotage ne sont pas reconnus officiellement comme des produits d’aide au sevrage tabagique. Ils n’entrent pas dans la catégorie médicamenteuse.

Ce, malgré les études scientifiques qui attestent pourtant de leur efficacité dans le sevrage (l’étude Cochrane notamment). Et les témoignages édifiants des consommateurs, qui sont les premiers à reconnaitre l’efficacité qu’a eu le vapotage dans leur arrêt du tabac. La preuve, dans notre sondage mené par l’Institut Français d’Opinion Publique (IFOP) en juin 2023… comme dans celui mené par BVA Xsight en 2024 !

Mis à jour le 25.03.2025
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