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L’Australie renforce ses mesures contre la vape

L’Australie renforce ses mesures antivape la vape sur ordonnance

Alors que le pays fait déjà les frais de ses dernières mesures antivape, le gouvernement australien annonçait, ce mardi 2 mai 2023, un renforcement drastique de la loi encadrant les produits du vapotage. Abolition des puffs, interdiction d’importations, limitation des saveurs et produits désormais sous monopole pharmaceutique, l’Australie signe la fin de la vape indépendante et en fait un produit strictement thérapeutique, encadré par les professionnels de santé. Retour sur les conséquences de la vape sur ordonnance en Australie, qui devrait servir de leçon aux pays encore en réflexion à ce sujet…

Une politique antitabac, mais surtout antivape

Depuis plus de dix ans maintenant, le gouvernement australien cumule les mesures pour éradiquer le tabagisme. Premier pays à avoir imposé le paquet de cigarettes « neutre », l’Australie a également réduit le nombre de cigarettes permises à l’importation dans les bagages, interdit le tabagisme dans de nombreux lieux publics ou encore augmenté significativement le prix des paquets de cigarettes, pour atteindre les 50 dollars australiens actuellement (soit 30 euros). À compter du 1er septembre 2023, le gouvernement prévoit encore une taxation de 5 % sur les produits du tabac, taxe qui se poursuivra chaque année, sur trois ans.

Mais, si le pays est souvent défini comme un pionnier dans la lutte anti-tabagisme, il est aussi un fervent partisan de l’antivapotage…

Depuis 1989, la nicotine est catégorisée comme un « poison dangereux » de catégorie 7 en Australie. Ainsi, impossible pour les Australiens de s’en procurer sans ordonnance. Pour contourner cette mesure, les habitants importaient leurs produits nicotinés de l’étranger.

En 2020, le gouvernement de l’époque souhaitait y mettre fin, en interdisant toute importation de produits nicotinés. Au vu des manifestations massives dans le pays, l’Australie repoussait alors l’interdiction et mettait en place, en octobre 2021, l’obligation de détenir une ordonnance délivrée par un professionnel de santé pour pouvoir importer des produits contenant de la nicotine.

Deux ans après, le débat est loin d’être clos…

Face à l’expansion du vapotage chez les adolescents et à l’importance du marché noir, qu’il reproche au précédent gouvernement, le gouvernement actuel veut aller plus loin, en durcissant encore les mesures contre les produits du vapotage.

La vape sur ordonnance : un produit désormais purement thérapeutique et uniquement disponible en pharmacie

Invité au National Press Club of Australia, ce mardi 2 mai 2023, le ministre de la Santé révélait les principales mesures de la révision de l’assurance-maladie, dont celles visant à limiter le vapotage dans le pays.

Prenant appui sur les recommandations de l’administration de régulation des produits thérapeutiques en Australie, la Therapeutic Goods Administration, ou TGA, le gouvernement prévoit l’arrêt pur et simple de l’importation des produits de la vape non destinés aux rayons des pharmacies.

Dans la continuité de la précédente mesure de 2021, relative à la vape sur ordonnance, toute personne souhaitant vapoter devra se faire prescrire ses produits par un professionnel de santé, dans le cadre d’une démarche de sevrage tabagique.

Mais l’Australie va plus loin : désormais « [les produits de la vape] seront importés uniquement pour être vendus dans les pharmacies. [Leur] importation pour la vente au détail prend fin » déclarait Mark Butler.

Selon le ministre, le vapotage doit rester « un produit thérapeutique destiné à aider les fumeurs de longue date à arrêter de fumer ». Ainsi, les produits de la vape devront aussi se conformer aux exigences de la TGA, tant au niveau de leurs constitutions aromatiques que de leurs packagings : « les saveurs bubble gum, finies, les licornes roses, finies […] à la place, nous aurons des emballages de style pharmaceutique et des dispositifs aux saveurs unies ».

Les arômes limités et les cigarettes jetables, type puffs, interdites

En plus d’uniformiser son panel d’arômes, afin de proposer seulement les plus « pertinents » dans le cadre d’une démarche de sevrage tabagique, le gouvernement australien souhaite interdire les cigarettes à usage unique, ces puffs qui « obstruent les décharges et sont devenues toxiques pour notre environnement », rappelle Mark Butler.

Au-delà d’un problème strictement environnemental, le gouvernement australien y voit un produit « récréatif », qui incite les jeunes à vapoter, à devenir addicts à la nicotine, puis à fumer.

Pour argumenter sa nouvelle mesure, le ministre de la Santé prend appui sur cette fameuse théorie de l’effet passerelle, pourtant réfutée maintes fois, qui consiste à établir une relation de causalité entre une personne qui commencerait à vaper, puis qui se mettrait à fumer : « Le vapotage est devenu le problème comportemental numéro un dans les lycées et il s’est également répandu dans les écoles primaires […] Les vapoteurs sont trois fois plus susceptibles de commencer à fumer […] Cela doit donc se terminer » affirmait le ministre de la Santé, Mark Butler, ce mardi 2 mai 2023.

Selon des chiffres énoncés par le ministre : « un adolescent sur six âgé de 14 à 17 ans [et] un jeune Australien sur quatre âgé de 18 à 24 ans a déjà vapoté. Seulement un Australien sur 70 de mon âge a vapoté ».

La vape sur ordonnance en Australie : sa voisine, la Nouvelle-Zélande, dit non

Faisant partie des pays avec un taux de fumeurs quotidiens parmi les plus bas, aux côtés de la Nouvelle-Zélande notamment, l’Australie a pourtant choisi de combattre le vapotage au même titre que le tabagisme, contrairement à sa voisine.

Si la Nouvelle-Zélande légifère pour éviter que la vape ne devienne trop « récréative » et attractive pour les jeunes générations, elle ne compte pas priver les fumeurs adultes d’une aussi bonne alternative.

Ainsi, lorsque la ministre de la Santé néo-zélandaise, Ayesha Verrall, a été interrogée sur la prise de position de son pays voisin, le 6 juin 2023, elle expliquait qu’une telle démarche serait bien trop néfaste aux fumeurs, en particulier ceux provenant de milieux défavorisés : « si nous devions mettre les cigarettes électroniques, qui ont un rôle légitime auprès des adultes qui arrêtent de fumer, derrière une telle barrière, alors les personnes qui font face aux plus grands obstacles pour accéder à leur médecin généraliste auraient également les plus grandes difficultés à arrêter de fumer ».

S’appuyant sur les propos du Dr Brian Betty, ancien directeur du collège des médecins généralistes, la ministre ajoutait que « l’imposition d’une telle mesure serait aller trop loin en termes de contrôle de la vape ».

Actuellement, en Australie, seul un médecin sur vingt est autorisé par la TGA à prescrire la vape sur ordonnance à ses patients. Ses difficultés d’accès ont eu raison de la première législation d’importation des produits nicotinés, qui a alors vu émerger un vaste marché noir.

En adoptant une mesure contraignante pour les fumeurs, l’Australie, comme les professionnels qui tendaient à réguler correctement le marché, ont perdu la main mise sur les produits en circulation. De quoi se demander si le vapotage est vraiment en cause, ou s’il ne s’agit pas plutôt des mesures adoptées depuis ces dernières années dans le pays…

La seule issue pour la vape en France ?

Si la Nouvelle-Zélande reconnait la vape comme un véritable outil de réduction des risques, qui doit demeurer accessible aux fumeurs adultes et aux mains des professionnels du secteur, l’Australie ne voit en elle qu’une « menace de santé publique » à éradiquer, au même titre que le tabagisme. Terminant son allocution sur la vape du 2 mai 2023, le ministre de la Santé Mark Butler affirmait : « nous ne resterons pas les bras croisés et nous ne permettrons pas au vapotage de créer une autre génération d’addicts à la nicotine ».

Ces différentes prises de position des pays devraient pousser certains autres à la réflexion. Souhaite-t-on vraiment des politiques répressives, qui ajoutent un obstacle en plus aux fumeurs qui veulent s’éloigner du tabac, et qui, de fait, ne font que créer des déviances encore plus importantes ?

Ne devrait-on pas plutôt prendre exemple sur des pays comme le Royaume-Uni ou la Nouvelle-Zélande, qui s’appuient sur les études scientifiques et les professionnels du secteur pour proposer un véritable accompagnement aux fumeurs, via le vapotage ?

En ces temps d’incertitude quant à l’avenir de la vape en France, il est primordial de faire entendre notre voix. Via la plateforme JeSuisVapoteur, vous avez la possibilité de vous informer, mais aussi de vous mobiliser en alertant vos élus !

 

Source :

Discours du ministre de la Santé, Mark Butler, lors du National Press Club of Australia (plan anti-tabac et mesures anti-vape de 21 min à 29 min 23 s): https://www.youtube.com/watch?v=DxVng5jJjYA

Mis à jour le 01.08.2023
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