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L’interdiction des arômes se propage dans le monde

L’interdiction des arômes se propage dans le monde

L’idée d’interdire les arômes « sucrés », soit présentant toute autre saveur que tabac dans les e-liquides de la vape, n’est pas nouvelle. Mais elle pourrait bientôt devenir la norme. En 2024, dans le monde, l’interdiction des arômes se propage. Et il semble qu’elle n’épargne personne…

Pourquoi des arômes dans la vape ?

« La vape n’est rien sans ses arômes », plaident depuis toujours ses fervents défenseurs, vapoteurs comme fabricants, revendeurs, chercheurs et autres experts.

En effet, la création même de la vape repose sur l’idée de supprimer le grand danger de la cigarette – la combustion – en proposant, à l’inverse, un système de vaporisation d’un liquide via un dispositif électronique adapté. À cela s’ajoute deux éléments essentiels : la nicotine, indispensable à qui veut progressivement abandonner sa dépendance à cette substance addictive, et les arômes, véritables boosters de plaisir et de motivation durant le sevrage tabagique.

Mais, tandis que la Science ne fait que confirmer leur importance au fil des ans, les gouvernements, eux, se montrent de plus en plus hostiles envers les arômes de la vape. Ce, particulièrement depuis l’arrivée de la cigarette électronique jetable « puff », présentée comme un « piège à enfants » du fait de sa facilité d’utilisation, de ses packagings « colorés »… et de ses saveurs « volontairement attrayantes ».

L’interdiction des arômes déjà effective dans de nombreux pays du monde

Si le prétexte est désormais tout trouvé, la « protection de la jeunesse », qu’on ne s’y trompe pas : les arômes de la vape ont toujours dérangé. Et cela, pour une raison plus philosophique qu’autre chose semble-t-il : parce qu’ils reposent sur la notion de plaisir. Arrêter de fumer sans frustration et sans douleur, et pire encore, prendre plaisir à consommer de la nicotine sans les dangers du tabac ? Voilà deux choses bien inconcevables !

Aussi, avant même le passage aux années 2020, la Finlande, la Hongrie ou encore l’Estonie avaient déjà banni tous les arômes, hormis le goût tabac (dit « classic »), de leurs territoires. Et aujourd’hui encore, les gouvernements finlandais et hongrois n’en démordent pas : pour eux, la vape est à l’image du tabac, c’est-à-dire dangereuse et nocive, et doit donc être éradiquée. Seule exception du trio, l’Estonie a ré-autorisé, le 4 mai 2020, l’arôme menthol afin d’atténuer les désastreuses conséquences que cette mesure avait engendré : un vaste marché noir et un retour massif du tabagisme (1)

Car c’est bien ce qui attend tout pays qui se refuse à voir l’importance du plaisir dans la démarche d’arrêt du tabac, et qui préfère ainsi miser sur la répression plutôt que la réduction des risques. D’ailleurs, les exemples venant en attester ne manquent pas.

Actuellement, aux États-Unis, l’interdiction des arômes est effective à Washington D.C, comme dans 7 états et plus de 375 localités. Résultat : une étude américaine de septembre 2023 note une augmentation drastique du tabagisme, population majeure et mineure confondue. Désormais, pour chaque arôme vendu en moins, c’est près d’un paquet de cigarettes acheté en plus.

Même chose du côté de l’Australie, qui a progressivement proscrit tout produit du vapotage dans le pays, hors dispositifs vendus en pharmacie. D’après les dernières données relevées par le ministère de la Santé en mars 2023, sans la vape pour le contrer, le tabagisme chez les jeunes a presque triplé en trois ans.

Une hausse du tabagisme également visible au Danemark, qui est passé de 18 % de fumeurs en 2020 à 19 % en 2022 selon la dernière enquête officielle du gouvernement (2).

Malheureusement, si les autres pays avaient tout à y gagner en s’évitant de telles répercussions, c’est bien l’inverse qui s’est produit. Au cours de ces dernières années, la liste des États prohibitionnistes n’a fait que s’allonger : Lituanie, Slovénie, Pays-Bas ou encore Québec, tous ont choisi de suivre cette voie. Ce qui ne leur a pas non plus réussi.

Au Québec par exemple, il n’a fallu que quelques jours aux fabricants et revendeurs pour contourner la loi d’interdiction des arômes du 1er novembre 2023. Ces derniers ont notamment transformé leur activité afin de pouvoir légalement proposer des produits d’un nouveau genre, classés comme produits alimentaires et vendus comme des réhausseurs de saveur : les « flavor shots » ou « drop shots » (3). Avec tous les risques sanitaires que cela suppose…

Pourtant, rien n’y fait. En ce début d’année 2024, c’est au tour de bien d’autres gouvernements de réfléchir à l’interdiction prochaine des arômes, dont l’Espagne, la France et même le Royaume-Uni.

L’interdiction des arômes se propage

En France, l’interdiction des arômes fait notamment partie des actions souhaitées par le gouvernement pour abaisser le taux de tabagisme en même temps que l’attrait du vapotage chez les jeunes. Révélée en novembre dernier par l’ex-ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, cette mesure s’inscrit dans le cadre du prochain programme de lutte contre le tabac (PNLT) de 2023-2027, qui comprend également une taxation sur les produits du vapotage et la mise en place du paquet neutre.

En Espagne, l’étau se resserre également. Mardi 16 janvier 2024, le Conseil des ministres a approuvé l’arrêté royal visant à interdire les arômes dans tout produit contenant du tabac (cigarettes, cigares, cigarillos comme tabac à chauffer). Si les cigarettes électroniques sont, de fait, exclues de cette réglementation, le ministère de la Santé a néanmoins confirmé travailler sur de prochaines mesures restrictives contre la vape, dont l’interdiction des puffs et la limitation des arômes.

Et, si l’on comptait notamment sur le Royaume-Uni, historiquement favorable à la vape, pour remettre ces gouvernements sur la bonne voie, il semble qu’il ait, lui aussi, légèrement changé son fusil d’épaule.

À l’instar de ses voisins, le gouvernement britannique entend désormais lutter contre la vape, sous couvert de protection de la jeunesse. En témoignent les diverses mesures envisagées pour « arrêter le départ » et « créer une génération sans fumée », qui prévoient tout simplement d’interdire les puffs, de réglementer plus durement l’emballage et la présentation des produits du vapotage… et de limiter les arômes (4).

La Suède : bientôt la seule exception ?

Il y a quelques années, les pays interdisant les arômes de la vape représentaient l’exception. Désormais, comme l’on a pu le voir, la tendance s’inverse et les pays rentrent dans le rang, par peur de se distinguer.

Seule nation à résister encore et toujours à ce principe du « risque zéro », et pour qui ce choix porte ses fruits : la Suède (5).

Dans ce pays, considéré désormais comme « non-fumeurs », seuls 5 % de la population fume toujours. En revanche, les produits alternatifs nicotinés sont utilisés par plus de 10 % des Suédois, soit plus du double.

Culturellement construite autour du snus, un produit à base de tabac et de nicotine, mais sans combustion, qui prend la forme d’un sachet à placer entre la lèvre supérieure et la gencive, la population suédoise a, de fait, toujours intégré la notion de « risque relatif » – bien que son gouvernement se refuse à le reconnaitre officiellement.

Aussi, la Suède est-elle le seul pays à avoir légalisé le snus (et à faire pourtant partie de l’Union européenne, qui l’a proscrit) comme à avoir adopté en 2022 les sachets de nicotine, similaires au snus, mais sans tabac et avec arômes, décriés partout ailleurs.

Quant aux arômes de la vape, si le gouvernement a souhaité les interdire il y a de cela deux ans, la mesure a bel et bien été contrée par le Parlement, à 177 voix contre. « Nous voulons qu’une perspective de réduction des risques soit intégrée dans notre politique nationale du tabac. Limiter les arômes dans un produit alternatif qui peut réduire la proportion de fumeurs ne va pas dans ce sens », ont justement estimé les parlementaires.

 

Quoiqu’il en soit, dans le reste du monde, l’avenir semble fortement s’assombrir pour la vape et ses arômes. Nous rappelant, à tous, l’urgence de se mobiliser dès à présent pour préserver ce qui fait de cet outil l’un des plus efficaces au monde.

 

Sources :

(1) Voir « L’Estonie fait les premiers pas vers la reconnaissance de la réduction des méfaits du tabac », article (langue anglaise) publié le 8 mai 2020 par l’European Tobacco Harm Reduction Advocates (ETHRA). URL : https://ethra.co/news/34-estonia-takes-the-first-steps-towards-recognising-tobacco-harm-reduction

(2) Voir « Les habitudes de tabagisme au Danemark », enquêtes 2020 et 2022, site officiel du gouvernement danois (langue anglaise). URL : https://www.sst.dk/en/English/publications/2021/Danish-smoking-habits-2020—nicotine-addiction ; https://www.sst.dk/en/english/publications/2023/Danish-smoking-habits-2022

(3) Voir « Québec : les vape-shops se transforment pour contourner le flavor ban », article daté du 5 janvier 2024 et signé Oneshot Media. URL : https://oneshotmedia.fr/2024/01/05/quebec-les-vape-shops-se-transforment-pour-contourner-le-flavor-ban/

(4) Voir « Arrêter le départ : notre nouveau plan pour créer une génération sans fumée », document officiel du gouvernement britannique, publié le 4 octobre 2023 (en langue anglaise). URL : https://www.gov.uk/government/publications/stopping-the-start-our-new-plan-to-create-a-smokefree-generation

(5) Voir « Tais-toi et fume ! », un documentaire réalisé par Oneshot Media en 2023 et disponible sur la chaîne YouTube Origines [O-Rigines]. URL : https://www.youtube.com/watch?v=c3QYWzLvqXc&t=485s

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