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Sans vape, les jeunes fument… davantage : le cas de l’Australie

Sans vape, les jeunes fument… davantage le cas de l’Australie

En ce début d’année 2024, les politiques anti-vape s’accélèrent en Australie, sous couvert de protection de la jeunesse et de lutte contre le tabagisme. Les conséquences des précédentes mesures sont pourtant bien visibles : sans la vape pour le contrer, le tabac attire de nouveau. À commencer par les jeunes, qui fument davantage.

En Australie, l’objectif d’un pays sans tabac… et sans vape

Historiquement, l’Australie a toujours réussi à avoir une prévalence tabagique plus basse que bien d’autres pays du monde entier, ce qui lui a valu d’être considérée partout comme un précurseur de la lutte contre le tabagisme.

Malheureusement pour elle, les mauvaises décisions prises par ses gouvernements successifs ces dernières années sont en train de changer la donne. Car le pays s’est mis en tête d’éradiquer un outil pourtant essentiel dans la lutte antitabac : la vape.

Pour ce faire, la désinformation est de mise. Allant à l’encontre de toutes les preuves scientifiques réunies depuis plus de 10 ans, les communiqués et rapports officiels du gouvernement australien enchaînent idées reçues et fausses informations sur la vape (1). Cette dernière est ainsi définie comme une aide peu efficace dans l’arrêt du tabac, voire nocive pour qui inhale sa vapeur apparemment constituée de « substances dangereuses », d’« agents cancérigènes » et même d’« antigel ».

Sous couvert de « protéger les Australiens, en particulier les jeunes, des méfaits du vapotage et de la dépendance à la nicotine », le gouvernement australien enchaîne et renforce ainsi ses mesures antivapes au fil des années.

En octobre 2021, l’Australie a commencé par interdire à ses concitoyens de se procurer des produits nicotinés sans ordonnance médicale. En mai 2023, le pays est allé encore plus loin en annonçant sa prochaine mesure phare : la vape sur prescription, en pharmacie, peu importe qu’elle contienne, ou non, de la nicotine.

En complément, le gouvernement entend également « augmenter les normes de qualité minimales – notamment en limitant les arômes, les couleurs et d’autres ingrédients, exiger la mise en place d’un packaging pharmaceutique [et] réduire les concentrations et volumes de nicotine autorisés ».

Le tout, sans se préoccuper d’une donnée alarmante : depuis les premières mesures de restriction contre la vape, le tabagisme n’a fait que monter en flèche chez les adolescents.

Résultat : les jeunes australiens fument !

D’après les derniers chiffres relevés par le ministère de la Santé en mars 2023 (2), le pays compte désormais 12,8 % de fumeurs chez les 14-17 ans, contre 6,7 % en 2022, 6,2 % en 2021 et 4,8 % en 2020. Autrement dit, le tabagisme des jeunes a presque triplé en trois ans.

Parallèlement, on remarque que le nombre de vapoteurs exclusifs a considérablement réduit, passant de 6,9 % en 2021 à 3,8 % en 2023.

Ainsi, tout semble indiquer qu’en combattant la vape au même titre que le tabac, le gouvernement australien a seulement réussi à aggraver la situation tabagique chez les jeunes générations, la vape ne jouant plus correctement son rôle de distracteur de la cigarette.

Car, si beaucoup restent persuadés que vapoter conduit un jeune à fumer – à l’instar de l’Australie, qui affirme toujours que « les jeunes qui vapotent sont 3 fois plus susceptibles de commencer à fumer » – les plus récentes études scientifiques ont plutôt tendance à démontrer le contraire.

Que ce soit dans l’étude internationale du NIHR, l’Institut national de recherche britannique sur la santé et les soins, dans l’enquête de Delnevo et Villanti sur la relation des jeunes Américains au tabac depuis 1991, ou encore dans l’étude systématique du Pr Bertrand Dautzenberg et all. et dans l’enquête menée par l’INCa (institut national du cancer) et l’IRESP (pour la recherche en santé publique) dans le département de la Loire, en France, les chercheurs en arrivent aux mêmes constats : non seulement il n’existe pas d’effet passerelle de la vape vers le tabac, mais la vape est précisément ce qui lui fait le mieux barrière.

D’ailleurs, les statistiques recueillies auprès de tous les publics d’âge par le gouvernement australien ne font que le confirmer. En observant les données relatives au vapotage et au tabagisme sur l’année 2022, on remarque bien que, plus le pourcentage d’utilisateurs de vape est élevé (chez les 18-44 ans par exemple), plus le tabagisme décroit rapidement. À l’inverse, moins la vape est utilisée (chez les 45 ans et plus par exemple), plus le tabagisme stagne.

vape vs cigarette Australie
Source : Statistiques officielles, Smoking and vaping 2022, Australian Bureau of Statistics (ABS), décembre 2023

L’erreur à ne pas répéter

L’Australie aurait dû le voir venir. Partout où la vape est définie comme une ennemie plutôt qu’une aide, le tabagisme reprend du pouvoir.

Aux États-Unis, une récente enquête a révélé des résultats similaires dans les états et localités ayant adopté des mesures restrictives sur la vape et ses arômes. En bannissant le vapotage, le tabagisme est revenu en masse, y compris chez les jeunes.

En outre, c’est ce même constat qui avait conduit la Nouvelle-Zélande à changer de stratégie en 2017 et à soutenir la vape plutôt que de la pénaliser…

La question est donc plus que légitime : avec une prévalence tabagique frôlant toujours les 32 % (dont 24,5 % de fumeurs quotidiens), la France souhaite-t-elle vraiment s’engager dans une telle politique d’aggravation des risques ?

Elle qui cite régulièrement l’Australie pour appuyer le choix de ses politiques antitabac devrait peut-être commencer à analyser plus précisément de telles données si elle ne veut pas que son prochain programme de lutte contre le tabac ne mène également aux mêmes résultats !

 

Sources :

(1) Voir le dernier communiqué du gouvernement australien sur la vape, incluant les prochaines mesures pour 2024 : https://www.health.gov.au/topics/smoking-vaping-and-tobacco/about-vaping

(2) Vapotage et tabagisme actuels dans la population australienne âgée de 14 ans ou plus – février 2018 à mars 2023, Centre de recherche comportementale sur le cancer, ministère de la Santé, mai 2023 (version PDF téléchargeable, langue anglaise)

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