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Importance des arômes dans la vape : que dit la science en 2023 ?

Importance des arômes dans la vape _ que dit la science en 2023 _

Difficile, au vu de l’actualité, de se faire une idée positive des arômes de la vape. Le doute nous empare : on les pense accessoires, voire piégeux, bien loin d’aider en quoique ce soit la lutte contre le tabagisme.

Heureusement pour nous, la science détient une bonne partie de la réponse, guidée par des études randomisées et des enquêtes approfondies toujours plus nombreuses. De l’importance des arômes, voilà donc ce qu’on sait en 2023 !

Dans le collimateur du gouvernement français

« Sucrés », « attrayants », « accessoires » voire carrément « dangereux »… Les multiples arômes fruités, gourmands ou mentholés tant appréciés des vapoteurs sont aujourd’hui dans le collimateur de nombreux gouvernements.

La France en a même fait son prochain combat, en déclarant vouloir « engager un travail pour limiter les arômes autorisés dans les produits du vapotage » dans le cadre du plan de lutte antitabac de 2023-2027 (PNLT).

Pourtant, à en croire les nombreuses enquêtes réalisées sur la question, et reprises par de grands noms de la lutte antitabac (1), elle aurait tout à y perdre. Loin d’entraîner les jeunes et non-fumeurs dans les méandres du tabac, la multiplicité des arômes se révèle plutôt comme un facteur essentiel… de réussite du sevrage tabagique !

La preuve en 4 études, toutes effectuées sur le moyen ou long cours, et publiées successivement entre 2020 et 2023 !

Friedman : une étude concluante dès 2020

Dans son étude « Associations entre consommation de cigarettes électroniques aromatisées et initiation et arrêt ultérieurs du tabagisme », publiée sur JAMA Network Open, le Pr Friedman s’est intéressé, dès 2020, à la question du rôle et des effets des arômes de la vape sur le tabagisme (2).

Objectif : mesurer d’un côté l’impact des arômes (tabac/sans tabac) sur l’initiation des jeunes à la cigarette, et de l’autre, l’impact des arômes (tabac/sans tabac) sur le sevrage des fumeurs adultes.

Méthodologie : collectées de 2013 à 2018 par vagues de suivi, puis analysées en février 2020, les données ont mis en lumière le parcours de 17 929 participants âgés de 12 à 54 ans. Selon leur âge, ces derniers ont été répartis dans la catégorie « jeunes » (12-17 ans), « adultes émergents » (18-24 ans) et « adultes actifs » (25-54 ans).

Résultats : les jeunes (12-17 ans) et adultes émergents (18-24 ans) ayant commencé à vapoter entre la vague 1 et 2 du suivi – soit entre 2013-14 et 2014-15 – étaient également les plus nombreux à avoir commencé par expérimenter la cigarette de tabac (22,77 % et 67,52 %). En revanche, à la vague 3 du suivi (2015-16), ils étaient alors moins nombreux à fumer (21,8 % pour les 12-17 ans, 21,91 % chez les 18-24 ans).

Du côté des adultes actifs (25-54 ans), la tendance se confirme : en commençant à vapoter entre la vague 1 et 2 du suivi, ces derniers étaient bien plus susceptibles d’arrêter de fumer dès la vague 3 par rapport aux fumeurs n’ayant jamais vapoté (18,81 % contre 13,48 %).

Plus encore, les chances d’arrêter augmentaient dès que l’utilisation d’arômes autre que tabac entrait en compte :

  • Chez les 25-54 ans : 21,7 % d’arrêt à la vague 3 pour les consommateurs d’arômes sans tabac (fruits, bonbon, gourmands, menthol, menthe…) contre seulement 12,16 % pour les consommateurs d’arômes tabac ;
  • Chez les 18-24 ans : 26,86 % d’arrêt à la vague 3 pour les consommateurs d’arômes sans tabac, contre 12,53 % pour les consommateurs d’arômes tabac.

Et même les jeunes (12-17 ans) se voyaient impactés : en vapotant un arôme dit sucré à la vague 2, alors qu’ils étaient 21,64 % à avoir essayé la cigarette traditionnelle à la vague 1, ils étaient alors seulement 19,47 % à déclarer avoir fumé au cours des 30 derniers jours à la vague 3.

En définitive, l’étude de Friedman démontre deux choses.

En premier lieu, que la fameuse théorie de l’effet passerelle de la vape vers le tabac (particulièrement employée lorsqu’il s’agit des mineurs) n’existe pas, mais qu’un effet barrière est en revanche observé.

Voilà qui rejoint une fois encore les conclusions des deux études françaises menées récemment par le Pr Dautzenberg (IJERPH, 2023(20)) ou encore par l’INCa et l’IRESP dans la Loire (Preventive Medicine Reports, 2023(35)), mais aussi celles réalisées au Royaume-Uni (Public Helath Res, 2023;11(7)) et aux États-Unis (IJERPH, 2023;20(19)).

En second lieu, que les arômes « sucrés » (autres que tabac) jouent un rôle essentiel. Qu’il s’agisse de détourner les mineurs de la cigarette de tabac ou d’aider les adultes à se sortir définitivement du tabagisme !

Lin Li : une étude internationale de 2021 corrobore les faits… les arômes sont la clé d’un sevrage tabagique réussi !

 En septembre 2021, le sujet des arômes de la vape prenait une tournure internationale grâce à l’étude « Quel est le lien entre l’utilisation de produits du vapotage aromatisés et nicotinés, et la progression vers l’arrêt du tabac ? Résultats des enquêtes ITC 4CV de 2016 et 2018 » menée par 10 chercheurs australiens comme américains, canadiens ou encore britanniques, et publiée dans la revue scientifique Nicotine & Tobacco Research (3).

L’objectif de l’étude : examiner l’évolution de l’arrêt du tabac chez des personnes vapo-fumeuses à l’origine, selon le type d’arôme utilisé.

La méthode employée : suivi des données des deux enquêtes en ligne ITC 4CV, menées conjointement en Australie, au Canada, en Angleterre et aux États-Unis en 2016 puis en 2018.

En croisant les données, les chercheurs ont abouti à un échantillon final de 886 utilisateurs adultes (69 provenant d’Australie, 371 du Canada, 249 d’Angleterre et 197 des États-Unis). Ils ont alors étudié en détail l’évolution de leur statut tabagique entre 2016 et 2018 selon leurs habitudes de tabagisme et de vapotage, mais aussi le type d’arôme vapoté.

Les effets constatés : sur les 886 vapo-fumeurs interrogés en 2016, 11,1 % d’entre eux avaient complètement arrêté de fumer lors du second suivi, en 2018.

Une tendance encourageante, qui a notamment été confirmée récemment par le Pr Jean-François Etter et son étude longitudinale sur les vapoteurs (premier suivi entre 2012 et 2016, second suivi en 2021).

Plus précisément, les chercheurs de cette étude internationale de septembre 2021 ont démontré que les arômes dits sucrés (fruités, gourmands…) étaient positivement liés à la réussite du sevrage : « par rapport aux utilisateurs de saveurs tabac, les utilisateurs simultanés utilisant des saveurs « sucrées » en 2016 étaient plus susceptibles d’avoir arrêté de fumer en 2018 (13,8 % contre 9,6 %) ».

Mok : une grande étude américaine de 2022 confirme la nécessité de conserver la multiplicité des arômes de la vape

En mars 2023, la revue scientifique Nicotine & Tobacco Research a également fait paraitre une nouvelle étude sur les arômes de la vape, menée fin 2022 par le Dr Yoonseo Mok, et intitulée « Associations entre l’utilisation de la cigarette électronique et les saveurs de la cigarette électronique avec les tentatives d’arrêt du tabac et le succès de l’arrêt du tabac : données probantes provenant d’une vaste enquête américaine représentative à l’échelle nationale 2018-2019 » (4).

L’objectif d’une telle étude : examiner l’impact des arômes de la cigarette électronique sur les tentatives d’arrêt et le succès de l’arrêt du tabac.

La méthodologie : utilisation de données provenant de l’enquête américaine Tobacco Use Supplement-Current Population Survey (TUS-CPS) de 2018-2019, « représentative à l’échelle nationale », précisent les auteurs, puisqu’administrée dans le cadre d’une enquête sur la population par le Bureau du recensement des États-Unis.

En partant de cette base de données, Mok et al. ont choisi de cibler spécifiquement les personnes âgées de plus de 18 ans et ayant déclaré avoir fumé il y a 12 mois, soit un échantillon total de 17 205 fumeurs. Ces derniers ont ensuite été répartis dans différentes catégories en fonction de leurs réponses aux questions sur leur statut tabagique, leurs tentatives d’arrêt, leur degré d’utilisation de la cigarette électronique, et bien sûr, le type de saveurs choisi pour vapoter (« tabac », « menthol ou menthe », « fruité ou gourmand »).

Les résultats : après analyse des données, les chercheurs ont constaté que les fumeurs qui avaient essayé d’arrêter sans aide ou via d’autres méthodes que la vape étaient aussi ceux qui montraient le moins de chances de réussite.

Une première observation qui trouve de nombreux échos dans la littérature scientifique, notamment à travers la célèbre étude Cochrane 2023, qui a conclu que tout outil d’aide au sevrage était préférable à la seule motivation, mais surtout que la vape était associée aux taux les plus hauts d’abandon du tabac, en comparaison à tout autre substitut ou traitement reconnu.

Plus encore, les chercheurs ont noté que « les utilisateurs de cigarettes électroniques aux saveurs sans tabac étaient plus susceptibles de réussir à arrêter de fumer que ceux utilisant exclusivement des cigarettes électroniques sans saveur ou aromatisées au tabac ».

Et enfin, que « les utilisateurs d’arômes de menthol ou de menthe avaient des chances légèrement plus élevées de tentatives d’arrêt et de réussite que les utilisateurs d’autres arômes sans tabac ».

Autrement dit, d’après l’étude de Mok, les arômes sont bel et bien les garants d’un sevrage tabagique réussi, particulièrement ceux hors goût tabac.

 

GRAPHIQUE JSV

 

Kimber : une étude anglaise de 2023 montre l’importance des campagnes de soutien sur la vape et ses arômes

En juillet 2023, une étude anglaise, publiée dans la revue Addiction a souhaité s’intéresser cette fois aux meilleurs moyens à mettre en place pour soutenir les vapoteurs dans leur démarche d’arrêt du tabac : celle du Dr Catherine Kimber et al., intitulée « Soutien à la cigarette électronique pour arrêter de fumer : identification de l’efficacité des composants d’intervention dans une expérience d’optimisation randomisée en ligne » (5).

L’objectif : déterminer la ou les combinaisons d’intervention les plus pertinentes pour accompagner un utilisateur de cigarette électronique vers la réussite de son sevrage.

La méthode employée : comparer plusieurs interventions, seules ou combinées, comprenant 1- des conseils personnalisés pour le choix d’un appareil ; 2- des conseils personnalisés sur la teneur en nicotine des e-liquides ; 3- des conseils aromatiques personnalisés pour le choix d’un e-liquide ; 4- de brèves informations sur les préjudices relatifs de la e-cigarette ; et 5- une prise en charge par des messages texte (SMS).

Pour ce faire, l’étude a été menée en ligne, via les réseaux sociaux. Au total, 1 214 participants ont été recrutés. Le critère de jugement principal pour attester de la validité d’une intervention ou d’une combinaison d’interventions était une abstinence complète auto-déclarée de 4 semaines, à 12 semaines de suivi.

La conclusion : parmi toutes les combinaisons d’intervention possibles, les auteurs ont noté que la seule significative était « une interaction bidirectionnelle : des conseils sur la saveur, combinés à un support par message texte ».

Autrement dit, d’après l’étude de Kimber, la réussite du sevrage tabagique est encore accrue lorsque 1- l’utilisateur de cigarette électronique conserve la multiplicité des arômes, 2- est accompagné pour choisir l’arôme le plus adapté à son profil et 3- est soutenu dans sa démarche d’arrêt.

 

GRAPHIQUE JSV

 

Sources :

(1) Voir notamment l’intervention du Dr Anne Borgne, tabacologue française depuis 34 ans et ancienne présidente du Réseau de Prévention des Addictions (RESPADD) lors de l’émission Chesterview : « Dr. Anne Borgne : les jeunes fument moins, parce qu’ils vapent », YouTube [Chaîne Oneshot Media], décembre 2023. URL : https://www.youtube.com/watch?v=VBGBR39UflM

(2) Friedman AS, Xu S. Associations of Flavored e-Cigarette Uptake With Subsequent Smoking Initiation and Cessation. JAMA Netw Open. 2020;3(6):e203826. doi:10.1001/jamanetworkopen.2020.3826

(3) Lin Li, Ron Borland, Kenneth Michael Cummings, Geoffrey T Fong, Shannon Gravely, Danielle M Smith, Maciej L Goniewicz, Richard J O’Connor, Mary E Thompson, Ann McNeill, How Does the Use of Flavored Nicotine Vaping Products Relate to Progression Toward Quitting Smoking? Findings From the 2016 and 2018 ITC 4CV Surveys, Nicotine & Tobacco Research, Volume 23, Issue 9, Septembre 2021, Pages 1490–1497, https://doi.org/10.1093/ntr/ntab033

(4) Yoonseo Mok, Jihyoun Jeon, David T Levy, Rafael Meza, Associations Between E-cigarette Use and E-cigarette Flavors With Cigarette Smoking Quit Attempts and Quit Success: Evidence From a U.S. Large, Nationally Representative 2018–2019 Survey, Nicotine & Tobacco Research, Volume 25, Issue 3, Mars 2023, Pages 541–552, https://doi.org/10.1093/ntr/ntac241

(5) Catherine Kimber, Vassilis Sideropoulos, Sharon Cox, Daniel Frings, Felix Naughton, Jamie Brown, Hayden McRobbie, Lynne Dawkins, E-cigarette support for smoking cessation : Identifying the Effectiveness of Intervention Components in an On-line Randomized Optimization Experiment, Addiction, Volume 118, Issue 11, Juillet 2023, Pages 2105-2117, https://doi.org/10.1111/add.16294

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